Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 18:50

Je profite de l'actualité Dieudonnesque pour vous proposer un diptyque sur le sujet Dieudonné. Mon compère de Blog Simsalatrim a récemment publié son avis sur le sujet et je vais en faire de même ici. Cet exercice me semble pertinent afin de profiter de plusieurs points de vue. Le cas Dieudonné est intéressant car il pousse les limites de la liberté d'expression, et il est toujours intéressant pour les observateurs de la fenêtre d'observer les réactions du système lorsque celui-ci est poussé à bout.

Tout d'abord je salue le talent du comédien dans lequel je retrouve un peu de Andy Kaufman pour sa capacité à bousculer les lignes et dans son habilité à susciter des émotions contradictoires chez le spectateur. Il y a aussi chez Dieudonné une part de Ron Jones, ce professeur de lycée qui s'est laissé emporter en 1967 dans une expérience in vivo  sur les régimes autocratiques avant de s'apercevoir que l'expérience lui échappait (à ce sujet il a été tourné un film "Die Welle") et que certains de ses élèves avaient perdu contact avec la réalité. C'est un peu ce qui s'est passé à mon avis avec Dieudonné.

 

La réaction des medias.

Dieudonné, notamment avec son sketch sur le colon israélien extrémiste chez Fogiel, a mis en lumière un comportement inquiétant des medias. Ce sketch n'était pas très réussi dans le sens ou il n'était pas très drôle, toutefois il n'avait rien de choquant: comparer un extrémiste israélien à un néo-fasciste ou néo-nazi me semble même plutôt pertinent dans la mesure où il y a des similitudes entre tous les extrémismes (en l'occurrence la notion d'espace vitale que partagent les extrémistes sionistes et l'Allemagne des années '30). Et ce n'est pas faire injure aux juifs ni aux Israéliens que de dénoncer la frange extrémiste de cette nation, bien au contraire.

Ce qui fut surprenant dans ce premier évènement qui déterminera la suite de la carrière de Dieudonné, c'est l'amalgame fait par les medias entre ce personnage clairement extrémiste (il a tout de même une cagoule, un treillis militaire et toute la panoplie du "radical") et le peuple juif ou israélien dans sa totalité. Les medias ont voulus nous faire croire à travers une pirouette sémantique qu'en dénoncant les extrémistes sionistes, Dieudonné offensait le peuple juif dans sa totalité, ce qui pour le coup est à mon sens un raccourci qui frôle le racisme car sous-entendant que tous les juifs se reconnaissent dans les extrémistes sionistes, ce qui est loin d'être le cas.

Quant à la question de savoir le pourquoi de cette levée de bouclier des médias, l'humoriste propose deux réponses: ou bien il y a dans les medias Français un lobby sioniste qui souhaite défendre (ou du moins ne pas attaquer) la politique expansionniste de l'Etat Israélien (politique condamnée par l'ONU, rappelons-le), ou bien les évènements de la seconde guerre mondiale et en particulier la déportation des juifs ont crée un tel traumatisme et un tel sentiment de culpabilité dans la société Française qu'elle a aujourd'hui un complexe par rapport à l'Etat d'Israël, et n'est plus capable de juger sereinement les évènements politiques du proche-orient, ce qui serait tout aussi inquiétant. Pour ma part je n'ai pas de réponse. entre la théorie du lobby et la théorie du complexe, je penche plutôt pour un mix entre les deux. Voilà ce que nous dit l'affaire Dieudonné sur les medias: il y a en France un problème aussi bien dans le traitement de l'information que dans l'appréciation de la politique de l'Etat Israélien.

 

Liberté d'expression

Dans la première phase de sa période d'infréquentabilité, Dieudonné a été à mon avis injustement banni des médias, alors que la justice française lui donnait raison. Cette injustice a provoqué une réaction physiologique de retranchement chez l'humoriste. Dans la mesure où l'on considère que l'injustice rend les hommes qui la subissent injuste, nous pouvons considérer qu'en entretenant l'ambigüité entre l'antisionisme revendiqué de Dieudonné (ce qui n'est pas un délit, et à vrai dire une idée partagée par une partie significative de la population) et l'antisémitisme, ce sont les medias qui sont indirectement responsables de la radicalisation des propos de Dieudonné. Ce genre de procédé est assez courant en communication, mais n'en reste pas moins intellectuellement malhonnête. Il peut-être utile afin de se rendre compte de ce qui peut se dire et de ce qui mérite le silence, de prendre un peu de hauteur en prenant un exemple différent. Sous certains aspects la situation israélo-palestinienne est étrangement similaire à la situation de l'Irlande du Nord de ces derniers siècles. Au-delà du fait que cela ne présage rien de bon pour nos amis israéliens et palestiniens, personne ne s'aviserait de crier au racisme dès lors qu'un professeur d'histoire porterait un jugement sur la politique de colonisation protestante (Henri VIII) en Irlande du Nord catholique. La liberté d'expression a donc été clairement bafoué lorsque certains médias ont refusé d'inviter Dieudonné voir incité au boycott suite à l'émission chez Fogiel.

 

Reussiront-ils à le faire craquer?

Et oui, finalement Dieudonné aura craqué. Avec cette phrase sur Patrick Cohen, il dépasse à mon avis le cadre de l'humour et de la provocation, bien que cette remarque ai été faite sur scène, lieu de liberté s'il en est. Ce n'est pas une surprise, Dieudonné est avant tout un homme de spectacle, peu armé pour ce genre de performance. Plus doué que ses compagnons il a essayé de se distinguer en faisant entrer la comédie dans une nouvelle sphère où l'on ne distingue plus qui est le comique entre le comédien sur scène et le spectateur, tout cela grâce à un sujet qui lui permettait de jongler avec une palette d'émotions et de réactions inouïe. Pourtant il a fini par craquer, à force de vouloir pousser à bout le système, celui-ci s'est retourné contre lui et rares sont les personnes qui peuvent supporter tant de pression tout en gardant le cap de la cohérence et sans tomber dans les travers caractéristiques des hommes.

C'est dommage car ce comédien de talent aurait pu être une occasion pour tirer vers le haut le genre comique tout en ouvrant certains débats intéressant au niveau national, notamment sur la justification de la distinction entre antisémitisme et racisme (dont le sens m'échappe encore), ou sur l'impact que peut avoir une hiérarchisation des crimes contre l'humanité et par conséquent de la douleur des peuples dans la politique de la nation.

Au lieu de ça, le citoyen et le spectateur auront droit à une ultime quenelle de 450 épaulé-jeté, cette fois provenant des medias, et qui consistera -après avoir définitivement réduit l'ancien humoriste fatigué et usé au silence- en une mediocre parodie de justice, d'offuscation. Ce sera le triomphe de la simplification de la pensée.

 

________________________________________

Pour le plaisir, un de mes sketch préféré de Dieudonné: "La fine équipe du 11". Au delà de toutes considération non-scéniques, c'est quand même autre chose que ce que l'a l'habitude de voir de nos jours sur le petit écran non?

Et enfin ci-dessous une interview surprenante et bien peu laïque de Manuel Valls.

 

 

Quenelles de Lyon

Quenelles de Lyon

Manuel Valls à Radio Judaica: "Par ma femme je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël"

Partager cet article

Repost0
30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 23:57

C'est l'affaire du moment. Une blague potache qui s'est transformée en affaire d'état. L'affaire des quenelles du chef Dieudonné. Le talent de l'artiste n'est plus à démontrer. C'est probablement LE meilleur comique français de la dernière décennie. Il ose, rit de tout est avec tout le monde (français, ritals, arabes, juifs, chicanos, bridés, chrétiens, musulmans, etc…). Il honnit le politiquement correct, un politiquement correct que je considère également être le cancer des médias français, medias dont je suis un rejeton et qui m’incite de plus en plus à renier ce monde dont j’ai voulu en faire mon métier.

Je ne reviendrai pas sur le parcours de l’artiste engagé sur la voie périlleuse de la politique et de l’humour très noir,il suffit pour cela de relire notre précédente chronique qui date de 2005.

  • Ennemi d'Etat

L'objet de ce billet est de pointer du doigt le lynchage politico-médiatique donc est victime l'homme aujourd'hui. D'un côté, les Valls, Taubira et autres Hollande qui souhaitent "tout faire" pour interdire ses spectacles.

De l'autre, les médias qui ont estimé (décidé, devrions-nous dire) que la quenelle était devenue un geste antisémite, sorte de salut nazi inversé.

Oulà !!! On se calme là les rédacteurs en chef de bas étages et stagiaires-rédacteurs qui avez besoin de brosser votre chef dans le sens du poil pour espérer décrocher votre deuxième CDD à la fin du mois. De qui se moque-t-on? Etes-vous conscients de la portée de vos propos ? Du poids qu’ils peuvent avoir au sein du Français moyen, ignorant l’historique de ce geste et lui-même mené en bateau par la communication (jusqu’au-boutiste et maladroite, il faut bien l’avouer) mais très « second degré » de Dieudonné ? La quenelle est un geste utilisée de nombreuses fois dans un grand nombre de ses sketchs et n’ayant aucune connotation religieuse ou sectaire. Exemple :

min 6:05

 

Même si les sketchs de Dieudonné, souvent sortis de leur contexte, peuvent être mal interprétés, la liberté d’expression exige que chacun puisse dire ce qu’il veut. Rire sur ce qu’il veut. Quand il le veut. Car :

Oui, on peut rire de tout. Il est de la responsabilité de chacun de faire la part des choses entre ce qui est du domaine du rire et ce qui ne l’est pas. Personne n’est intouchable. On a souvent reproché à Dieudonné de prendre la communauté juive pour tête de turc et de la prendre en dérision. Pourtant, personne dans les médias crie au scandale quand Murielle Robin fait un sketch sur les blacks.

Non, les médias n’ont pas tous les droits. Ils n’ont notamment pas le droit d’effectuer des rapprochements farfelus entre salut nazi et quenelle, de lancer une campagne de dénigrement destinée à jeter l’opprobre sur quelqu’un (dans ce cas Dieudonné, mais peu importe l’individu), bref, de diffuser de FAUSSES INFORMATIONS. Les rédactions de tous bords, de gauche comme de droite, se sont lancées dans cette campagne de désinformation immonde, qui semble porter ses fruits, et qui s’étend sur tous les supports (web, radio, presse écrite et audiovisuelle).

Exemples : 

http://www.leparisien.fr/politique/dieudonne-la-quenelle-un-geste-controverse-28-12-2013-3446057.php

http://www.ozap.com/actu/yann-barthes-s-excuse-apres-une-intrusion-visuelle-nauseabonde-dans-le-petit-journal/450107

http://www.francetvinfo.fr/societe/dieudonne/la-quenelle-un-geste-nazi-pour-chantal-jouanno_493012.html

Non, vous ne pouvez pas  retourner votre veste de cette façon. Vous, les Yann Barthès, Tony Parker, les Samir Nasri, les Mamadou Sako, qui faites des quenelles bien correctement et finalement, quand vous voyez le vent tourner, renier ce geste (ici Barthès, Parker et Nasri ) en indiquant que vous ignoriez « sa véritable signification ». Mouais...

 

etc...

etc... 

Mais c'est qu'il faut être malin. Et si on souhaite garder son job, vite vite rentrer dans les rangs dés que le vent tourne le dos et le rouleau compresseur médiatique s'est mis en marche.

Nicolas Anelka, en dépit de ses (énormes) défauts et de son comportement qui ferait passer un enfant pourri gâté pour une progéniture idéale, a assumé son geste de la quenelle exécuté après avoir marqué un but samedi lors d’un match avec son équipe de West Bromwich Albion (tout en acceptant par la suite la demande du club, exigeant que ce geste ne soit plus jamais refait sous ces couleurs)

Il a surtout complété ce geste par des formules assez justes publiées sur twitter, bien maîtrisées, et pointant du doigt la manipulation médiatique actuellement mise en œuvre par les grands organes de presse. 

Le plus écœurant dans tous cela (ou "nauséabond", si on utilise les termes de Yann Barthès), est que cette machine politico-médiatique se met en route tel un rouleau compresseur qui ne laissera personne indemne. Il y a malheureusement des risques de voir les (innombrables) fans de Dieudonné payer le prix fort de leur soutien.

Tous ceux qui ont envoyé des photos de quenelles ou acheté des produits de Dieudonné sur son site internet (t-shirt quenelle ou citations tirées de ses sketchs imprimées sur des tasses), ont eu la désagréable surprise de voir leurs coordonnées personnelles publiées sur le site d’un hacker se proclament anti-Dieudonné. A Lyon, six jeunes issus de la communauté juive ont été mis en examen en décembre pour leur implication présumée dans deux expéditions punitives contre des personnes qu'ils accusent d'avoir diffusé sur Internet des « quenelles ». Et pour aller encore plus loin dans le climat de psychose ambiant, le député UDI Meyer Habib, appartenant à la 8e circonscription des Français de l'étranger (comprenant notamment Israël et la Turquie) a promis de déposer une proposition de loi «anti-quenelle» pour «pénaliser ce nouveau salut nazi pratiqué par des antisémites». Jusqu’où ira-t-on dans ce délire ? Allons-nous-tirer sur les enfants dans la rue parce qu’ils auront eu la folie de se gratter l’épaule pendant que l'autre bras tendait vers le bas ? (au point où on est, on peut tout imaginer).

D'ailleurs, y a pas quenelle là?????!

Il suffit de voir les photos des « quenelliers » sur le site Dieudosphère pour se rendre compte qu’il s’agit de personnes comme vous et moi, blancs, noirs, jaunes, gris, hybrides… Certains sont apolitiques, d’autres plus engagés, mais cette diversité prouve que le rire est une arme de destruction massive qu’il faut laisser prospérer. De toute façon, la communauté pro-Dieudonné qui a fleuri sur internet et grâce aux spectacles de l’artiste est extrêmement importante (les vidéos de Dieudonné sur youtube atteignent le million de vues et ses spectacles se jouent à guichets fermés, rassemblant des milliers de spectateurs).

Donc des milliers d’antisémites ? Je suis sûr que non.
Les médias et les politiques, eux, c’est ce qu’ils essayent de vous faire croire avec la manipulation médiatique, et bientôt judiciaire, qu’ils mettent en place.

Comme le disait Churchill, « Les antifascistes d'aujourd'hui, feront les fascistes de demain ». Afin de donner consistance à l’indispensable danger fasciste, il faut inventer des fascistes.

Ne nous laissons pas manipuler par la dictature de la pensée. La lberté doit être

Car les vrais fascistes, sont souvent ceux reflétés par le miroir d'une salle de bain.

_________________________________________________________________

Le point de vue de UcCaBaRuCcA: http://enregardantparlafenetre.over-blog.com/2014/01/dieudonn%C3%A9-ou-la-vague.html

Dieudonné : la dictature de la pensée a mis en marche son rouleau compresseur

Partager cet article

Repost0
30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 17:07

Lewis_Hine_Power_house_mechanic_working_on_steam_pump.jpg

Je travaille.
Je pianote sur mon clavier en plastique.
Lettres blanches sur touches noires.
Chiffres blancs sur fond noir.

de un à neuf puis zéro.

Je remplis des cases, je compile des chiffres;
Je surligne, je colore, je mets en relief, je distingue;
Je trace des lignes, noires, grises, fines, épaisses.
J’ordonne, je classe, je calcule,
Des chiffres, des boîtes, des lignes.

Je ne travaille plus aujourd’hui.

 

 

 

__________________________________________________________________________________________

Photo: Lewis Hine - Power house mechanic working on steam pump

Lien: aliénation du III millénaire partie I

Partager cet article

Repost0
13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 20:48

MAP-homosex.JPG

Sans-titre-copie-1.JPG

Le débat politique autour du mariage pour tous a, comme il se doit, contribué à créer une confusion entre le sujet du mariage, et le sujet de l'adoption des couples homosexuels. Cette confusion initiale s'est ensuite démultipliée grâce aux commentaires incohérents des "politiciens" (que ce soit d'un bord ou de l'autre), aux approximations et simplifications des médias, et à l'effrayante prédisposition de tout ce petit monde aux lieux communs.Je pense que le mariage pour tous (je ne traiterai ici que de la question du mariage) tel que présenté par le gouvernement est une erreur parce que incohérent avec ce que voudrais la raison.   

 

Le nucleus familial.  

Le nucleus familial « un homme + une femme » n'est pas une norme partagée chez les êtres humains. Bien qu'aujourd'hui en occident la plupart des familles se revendiquent effectivement monogame -c'est à dire composées d'un homme et d'une femme mariés pour la vie- partout sur terre, et de tout temps, nous avons pu et nous pouvons observer des formes de nucleus familial assez hétérogènes : La famille constituée du couple Homme/femme pour commencer, mais aussi la famille constituée d'un homme et de plusieurs femmes (autrement dit la polygynie, aujourd'hui présente et autorisée dans plusieurs pays d'Asie et d'Afrique), ou bien encore la famille composée d'une femme et de plusieurs hommes (la polyandrie, présente aujourd'hui chez certains peuples du Paraguay, du Nigéria, du Brésil, et autorisée dans l'Etat du Bhoutan en Asie et dans la province du Saskatchewan au Canada), et pour terminer, la forme de famille/clan, assez rare de nos jours, entendu comme groupement de plusieurs hommes et plusieurs femmes, où les enfants n'ont pas de père défini, mais où tous les membres du clan constituent un seul noyau familiale, cette forme de famille est présente dans certaines tribus d’Amérique Latine, et dans certaines communautés de vie alternative. En conclusion, nous constatons qu'il n'y a pas une seule "bonne" structure familiale pour l'être humain, mais plusieurs; chacune répondant aux exigences des différentes cultures.

En France, la loi définie la famille comme étant constituée d'un homme et d’une femme. Cette conception de la famille est la même depuis des siècles, elle est essentiellement due à l'héritage du Christianisme, et s’est ensuite sécularisée et cristallisée pendant deux milles ans pour faire partie aujourd'hui de l’héritage culturel et social transmis par notre société.

La famille hétérosexuelle et monogame est donc notre conception de la famille, mais en aucun cas cette conception ne correspond à un modèle « naturel », «normal » ou « universel » de la famille dans le monde.

 

Le mariage pour tous.

Le fait que le gouvernement Français propose un texte de loi autorisant le mariage pour les homosexuels induit un changement considérable dans notre société. En France nous l'avons vu, l’Etat a toujours partagé et participé à la cristallisation (à travers les lois) de la vision chrétienne de la famille. En deux milles ans, le concept à l’époque révolutionnaire des évangiles (c’est-à-dire le fait qu’un homme ne puisse avoir au cours de sa vie qu’une seule femme, et inversement) s’est sécularisé pour se transformer en un pilier de la société, transcendant l’aspect religieux. Et c’est parce que la famille monogame et hétérosexuel était un pilier de la société que nous avons interdit et condamné les formes déviantes de familles (l'adultère, prémices de la polygamie) et plus récemment les formes déviantes d’amour* (l'homosexualité), faisant alors preuve, il est vrai, d’intolérance.

Aujourd’hui, le gouvernement s’est affranchi définitivement de l’Eglise, et il souhaite, -au nom de l’égalité et en réparation aux siècles d’intolérance- détruire ce pilier qu’est la famille comme nous l’entendons aujourd’hui.

Quoi de plus normal pour un Etat laïc d’autoriser d’autres formes de cellules familiales que celle identifié par une Eglise particulière?

Pourtant, en légalisant le mariage seulement pour les couples homosexuels, l'Etat commet une injustice au nom de l’égalité. Le gouvernement, s’il veut être cohérent et juste, a deux solutions: soit considérer comme légitime la notion de famille telle que nous la connaissons aujourd’hui (cette légitimité ne nécessite pas d'être justifié avec d'embarrassantes références aux valeurs chrétiennes, elle découle d'une culture millénaire), soit autoriser le mariage pour tous. Mais dans ce cas autoriser le mariage « vraiment » pour tous.
Je m’explique. Autoriser le mariage homosexuel, et par voie de fait donner un cadre juridique, donc légaliser la famille homoparentale c’est nier la conception de la famille des deux derniers millénaires. Cette conception était fondée sur un dogme religieux, donc il n’est absolument pas absurde de le remettre en question dans un Etat laïc. Toutefois dès lors que nous justifions le mariage homosexuel au nom de la liberté, de l’égalité et de l’amour, par cette justification nous renions de fait la notion traditionnelle de famille. S’ouvre ainsi une ère nouvelle où la constitution de la famille ne répond plus à une norme définie mais s'inscrit dans l'existant.

Comment peut-on donc être pour le mariage homosexuel et condamner la polygynie et la polyandrie ? Quelle différence y a-t-il entre un couple homosexuel qui souhaite se marier civilement pour bénéficier des mêmes droits que les couples hétérosexuels, et un « trouple » (un couple à trois) composé d’un homme et deux femmes ou de deux hommes et une femme qui souhaitent également bénéficier des mêmes droits que les couples ? En clair: à partir du moment où la notion de famille est malléable et non plus figé, comment justifier la discrimination d'autres formes familiales?
Vous n'êtes pas convaincu? C’est peut-être parce que vous voyez dans la polygynie l’exploitation de la femme. Mais cette vision est une construction mentale basée sur des réalités vécues ou supposés: la violence n'est pas intrinsèque à la polygynie.**

 

A’ partir du moment où nous acceptons le mariage homosexuel en détruisant la notion désormais dépassé de "famille" telle qu'elle était conçu jusqu'ici, de quel droit refusons nous le mariage à ces hommes et femmes? Qui a dit -si ce n'est l'héritage culturel chrétien- qu’une famille ne se compose que de deux êtres humains?


Voilà donc ce que devrait faire le gouvernement de Hollande pour être cohérent: ou bien légaliser le mariage vraiment pour tous, ce qui serait un acte extrêmement avant-gardiste mais entrainant de nombreuses questions sociétales complexes, ou bien... ne rien faire et se reposer sur un statut quo de 2000 ans, ce qui peu sembler un manque de courage.

Ou bien une extrème sagesse.  

__________________________________________________________________________________________________
* Il est intéressant de remarquer que l'homoséxualité est beaucoup moins tolérée depuis que l'amour est considéré comme condition créatrice de la famille.   
** Pour vous convaincre, essayez de reprendre le raisonnement en pensant  non pas à Ben Laden mais à un « trouple » de soixante-huitard fraichement installés dans le Larzac, ayant 8 enfants, et qui souhaiterait légaliser cet état de fait. ou bien encore, si vous êtes un homme, pensez à une jolie Canadienne Saskatchewan qui s’est installer en France depuis 10 ans et qui souhaiterait officialiser son union avec ses 4 maris français afin que chaque enfant puisse être reconnu par ses pères.

Partager cet article

Repost0
7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 16:06

"Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre".

rembrandt.jpg

 

Il y a quelques années, je discutais avec des amis sur la mesure de la peine dans nos sociétés civiles et dans les textes religieux, que ce soit la Bible, le Coran ou la Torah. Beaucoup de certitudes ce sont écroulé ce jour là.

 

Les textes religieux se fondent sur une justice réparatrice, c'est à dire que si M. Dupond vole une chèvre à M. Durand, d'après la Bible M. Dupond est débiteur de cette même chèvres, plus une somme d'argent de réparation. On trouve aussi dans la Torah et le Coran des sanctions physique, c'est la fameuse loi du Talion symbolisé par le "Oeil pour Oeil, dent pour dent". Alors que dans le nouveau testament des Chrétiens on a une conception beaucoup plus idéaliste que réaliste.

Dans la Torah on peut trouver ce passage:

"Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort. S’il frappe à mort un animal, il le remplacera — vie pour vie. Si un homme provoque une infirmité chez un compatriote, on lui fera ce qu’il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent ; on provoquera chez lui la même infirmité qu’il a provoqué chez l’autre. Qui frappe un animal doit rembourser ; qui frappe un homme est mis à mort. Vous aurez une seule législation : la même pour l’émigré et pour l’indigène. " Lévitique 24,17-22.

Au contraire, le Nouveau Testament des Chrétiens révolutionne cette manière de penser et la justice devient exclusivement divine, c'est à dire que les Hommes n'ont pas à se faire justice eux même:

"Vous avez appris qu’il a été dit : ‘œil pour œil et dent pour dent’. Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. À qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos."  Matthieu, 5,38-4.

Plus tard, le Coran fusionnera assez bien les deux approche:

"Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes." Sourate V , verset 44-45.

Ces 3 conceptions de la justice peuvent nous sembler archaïques, cruelles ou naïves, toutefois elles répondent rationnellement à un problème défini. Et intellectuellement le raisonnement est valable. Allons voir ce qui ce passe dans la société civile.

  real-panopticon.jpg

La conception de la justice et de la peine dans nos sociétés démocratiques est très éloigné de ce que les religions nous ont dicté. Dans notre monde bien terrestre, le péché (concept beaucoup plus large englobant un aspect intellectuel et morale outre les aspects factuels) se réduit au crime (concept beaucoup plus restreint, incluant quasi exclusivement les aspect factuels), ce qui est normal dans une société civile et laïc. C'est étonnant lorsque l'on considère que pendant près de 2 millénaires nous avons vécu dans une société Christianiser. Pourtant le système judiciaire est aujourd'hui complètement hermétique aux "lois divines" pour ce qui est de l'application de la peine, et nous faisons un recours massif à l'incarcération. [Ce ne fut pas toujours le cas, Michel Foucault (Surveiller et punir) indique que l'incarcération est devenu une peine en soi seulement à partir du XIX siècle. Alors qu'auparavant les prisons servaient de lieu de rétention en attendant le vrai châtiment (exécution, bannissement etc.).]

La prison, dans les société démocratiques actuelles, a deux fonctions officielles:

1. Protéger la société de ses éléments les plus dangereux.

2. Réinsérer les éléments déviant dans le droit chemin.

Concernant le premier point, il est complètement défendable, si ce n'est que 3/4 des gens qui sont en prison le sont pour des délits mineurs ou sans lien avec la "dangerosité".

Le deuxième point au contraire n'est même pas défendable. Les individus qui ont trouvé en prison un terrain fertile pour une réinsertion sont tellement minoritaire que lorsque cela arrive on en fait des films ou des héros  pour émissions de  télévision formaté. A' l'inverse, la prison est un centre de formation géant pour délinquants.

Il est donc clair que le système pénale basé sur l'incarcération est un moyen inadéquat et qui ne remplie qu'en (petite) partie les fonctions que l'on attend. Je pense que tout le monde sera d'accord jusque là.

 

Je ne vais pas faire la comparaison entre ces différentes conceptions de la justice, car chaque personne le portera sur la base de ses valeurs. Toutefois, je me rappelle que lorsque nous avions eu cette discussion avec mes amis, et que à l'un d'entre eux qui était musulmans je disais être horrifié par les flagellations et autres sanctions corporelles, celui -ci m'avait demandé ce qui était pire selon moi: de passer des années de privation de liberté en prisons (sans compter les violences, abus et humiliations qui y sont directement ou indirectement liés) ou d'être bastonner, de perdre une main ou de subir un quelconque châtiment corporel en restant libre. En ce qui me concerne c'est clair, je préfère garder ma liberté au dépend de mon intégrité physique.

 

Elle est là la différence, entre la justice civile et la justice religieuse: Dans la société civile du XX et XXI siècle nous  assistons à une sanctification (sic!) du corps. L'Homme qui était jusque là consideré d'abord comme une âme, une psyché et seulement dans un second temps comme un corp ou une enveloppe charnelle; cet Homme devient  aujourd"hui avant tout un corps (mon esprit taquin voudrait dire un "outil de travail"), l'âme et la psyché  étant relégué au second plan et ayant une valeur seulement sur le plan productif.

C'est l'apparition de l'homme objet aux dépend de la race aujourd'hui éteintes des Hommes Sapiens.

 

Pour illustrer cet article, un monument de la chanson: Johnny Cash "25 Minutes to go", une des plus belles chansons sur la peine de mort (texte en contrebas). Version enregistré à la prison de Folsom.

 


  Well they're building a gallows outside my cell I've got 25 minutes to go
And the whole town's waitin' just to hear me yell I've got 24 minutes to go
Well they gave me some beans for my last meal I've got 23 minutes to go
But nobody asked me how I feel I've got 22 minutes to go

 

Well I sent for the governor and the whole dern bunch with 21 minutes to go
And I sent for the mayor but he's out to lunch I've got 20 more minutes to go
Then the sheriff said boy I gonna watch you die got 19 minutes to go
So I laughed in his face and I spit in his eye got 18 minutes to go

 

Now hear comes the preacher for to save my soul with 13 minutes to go
And he's talking bout' burnin' but I'm so cold I've 12 more minutes to go
Now they're testin' the trap and it chills my spine 11 more minutes to go
And the trap and the rope aw they work just fine got 10 more minutes to go

 

Well I'm waitin' on the pardon that'll set me free with 9 more minutes to go
But this is for real so forget about me got 8 more minutes to go
With my feet on the trap and my head on the noose got 5 more minutes to go
Won't somebody come and cut me loose with 4 more minutes to go

 

I can see the mountains I can see the skies with 3 more minutes to go
And it's to dern pretty for a man that don't wanna die 2 more minutes to go
I can see the buzzards I can hear the crows 1 more minute to go
And now I'm swingin' and here I go-o-o-o-o-o-o-o-o-o!

 

 


Premières illustration: Rembrandt - Le christ et la femme adultère

Deuxième illustrations: prison Panoptique

Partager cet article

Repost0
2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 20:34

Mise à jour du 11 février 2011 suite au départ de l'ancien président Hosni Moubarak en Egypte 

 

Après la Tunisie, le peuple égyptien a prouvé, au cours des trois dernières semaines qui ont précédé cette journée historique du 11 février 2011, que rien ou presque ne résiste à la colère d’un peuple. Car les Egyptiens ont fait preuve d’une ténacité et d’un courage hors pair face à un président (ex-président) Hosni Moubarak qui ne voulait plus lâcher un siège qu’il détenait depuis 30 ans. Hier encore, il avait seulement accepté de transférer ses pouvoirs au vice-président jusqu'aux prochaines élections prévues en septembre. Mais cette mesurette, que dis-je, ce minable tour de passe-passe n’aura été qu’une chimère.

Une journée historique donc pour l’Egypte et pour tout le peuple égyptien. Je dis bien peuple car ce qui frappe avant tout, c’est l’unité de la population. Coptes, musulmans et athées ont parlé d’une seule voix pour obtenir plus de justice et de liberté. Ce qui frappe aussi, c’est qu’aucun (d’après les explications des reports en place en tout cas) drapeau américain ou d’Israël n’a été brûle. Connaissant les liens étroits qui unissaient Moubarak à ces deux nations, on aurait pu redouter ce genre de dérive.

Mais outre le peuple, c’est à l’armée égyptienne qu’il faut rendre hommage, car combien de rebellions ont été maitrisées et éteintes dans le sang ces cinquante dernières années (Chine, anciennes républiques soviétiques, etc.) Le rôle de l’armée a été DETERMINANT. Refusant une allégeance indéfectible au pouvoir, elle a permis à la contestation de croitre jour après jour, renforçant le sentiment que la population avait l’armée de son côté. Cette même armée, qui s’était montrée discrète et distante, tient désormais l’avenir de l’Egypte entre ses mains, les pouvoirs de Moubarak leur étant de facto été transmis au moment où ce dernier annonçait son départ.

Ce soir, les Egyptiens feront, à n’en pas douter, la fête. Mais dès demain, c’est la reconstruction de tout un pays qui s’opère. Une vraie démocratie est à portée de leurs mains, souhaitons que toutes les forces politiques du pays sachent reconstruire un Etat libre, multi-ethnique et multiculturel, à l’image de ce qu’est le pays actuellement. Une dictature ne doit pas être remplacée par une autre dictature, notamment religieuse.

Plus que jamais, les Tunisies et les Egyptiens ont un pouvoir immense entre leurs mains. Celui de décider de l’avenir des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, l’effet Domino qui a lieu a le pouvoir de sauver ou de détruire toute une région du monde. 

 

    

ARTICLE ORIGINAL DU 2 FEVRIER

C’est l’ébullition des deux côtés du Nil. Après la « révolution de jasmin » tunisienne, qui a conduit à la chute du président tunisien Ben Ali et à ses 23 ans de règne sans partage (sauf avec sa famille), c’est au tour de l’Egypte d’être agité par une révolte sociale sans précédents qui pourrait, là aussi, mettre  un terme prématuré au règne d’Hosni Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 29 ans dans ce pays.

Mardi, au moins un million de personnes ont défilé pour exiger le départ du numéro un du régime. Les pays de la région la craignaient, ils ont vu juste, la « révolution de Jasmin » dépasse les frontières et prend chaque jour de l’ampleur. Qu’il s’agisse d’Egypte, mais aussi de l’Algérie, de la Jordanie, du Yémen, du Maroc ou encore de la Mauritanie, les manifestations anti régime se multiplient à vitesse grand V. Tout y passe, grèves sectorielles ou générales, marches et meetings, voire même immolations ou suicides en public. Ces actes sont les manifestations directes de peuples qui n’ont peuvent plus de gouvernements corrompus, despotiques, voire dictatoriaux.

L’année 2011 est déjà rentrée dans l’histoire comme celle ou les peuples du Maghreb et du Moyen-Orient ont crié leur désir d’avoir des vies plus dignes et, surtout, plus libres. Les autorités tentent tant bien que mal « d’acheter » la paix sociale en baissant le prix des produits de première nécessite (tels que le sucre ou l’huile), grâce à la manne pétrolière, mais il n’est pas sûr que cette mesure suffise à calmer la colère de la rue.

La question islamiste

doodle-copie-1

Selon  l’indice démocratique établi par l’Economist Intelligence Unit (EIU) pour 2010, le régime politique des pays du Moyen-Orient et du Maghreb n’est pas démocratique, mais autoritaire. Aucun pays de la région ne fait exception à la règle, mis à part Israël. Les révoltes actuelles sont donc à saluer, car il est indéniable qu’un vent de liberté et de justice souffle au sein de ces populations usées par des gouvernements autoritaires et qui n’ont pas changé depuis des décennies. Se pose maintenant la question à cent mille dollars, celle de savoir qui prendra la place des dictateurs actuels. Des nouveaux dictateurs ? Des religieux fanatiques ? C’est effectivement une crainte fondée et que l’on peut se poser. Les nations occidentales, bien conscientes des problèmes de succession que pourrait causer un vide politiques, regardent ces révolutions naissantes avec beaucoup d’espoir et de crainte à la fois.

Les coptes d’Egypte, qui représentent environ 10% de la population du pays, se joignent au mouvement contestataire avec beaucoup de ferveur mais redoutent la menace islamiste qui pourrait naître de la période post-Moubarak. En Tunisie, Ben Ali a depuis toujours assis son pouvoir en persécutant les fondamentalistes religieux. A titre d’exemple,  les femmes qui portaient le foulard islamique étaient exclues du monde du travail ou de l'enseignement, les hommes qui priaient trop ostensiblement en public étaient interpellés, les barbes sur les photos officielles interdites, etc. Une politique bien accueillie par les puissances occidentales mais honnie par Oussama Ben Laden, pour qui la Tunisie est le « pire exemple » pour les Musulmans, en raison de sa tolérance et de son ouverture aux autres cultures.

 

En Egypte, la menace islamiste, représentée notamment par les "Frères musulmans", est plus concrète. Le pays s’est indiscutablement radicalisé ces dernières années : les femmes voilées sont bien plus nombreuses qu’il y a vingt ans, les menaces à l’égard de la population copte ont progressé, etc. Le risque d’un vide politique c’est de voir les groupuscules islamistes tenter une percée par le biais des urnes, un peu à la manière de ce que Hitler avait fait après l’échec de ses putschs.

Les Egyptiens tiennent donc entre leurs mains le destin de leur nation et peut-être même de tout le bassin sud-méditerranéen. Il faut ainsi espérer que ce peuple saura prendre les bonnes décisions et que la minorité islamiste, aussi dynamique et inquiétante soit elle, ne sorte pas gagnante du vide ou des transitions politiques qui découleront du départ des dirigeants actuels. Le 21e siècle est assurément celui du VIRAGE DEMOCRATIQUE (enfin) pour les pays qui se trouvent des deux côtés du Nil. Mais à ce jeu-là, les actions en coulisses des pays occidentaux (Etats-Unis en tête, fournisseur attitré de l’armée égyptienne et premier partenaire commercial) et des puissances pétrolières de la région (Arabie Saoudite notamment, grand mécène de l’islamisation mondiale), pourraient donner une impulsion décisive à tel ou tel mouvement. 

Partager cet article

Repost0
11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 19:23

manifestation-de-chretiens-en-inde_940x705.jpg

Avec un peu moins de 600.000 fidèles (chiffre qui varie selon les méthodes de calculs, mais dans tous les cas inférieur à un million), la communauté chrétienne d’Irak représente environ 2% de la population globale. Une entité disparate, fragmentée, qui n’a aucun poids sur l’échiquier politique mais qui s’amenuise à vue d’œil depuis la fin de la seconde guerre du Golfe. Une tendance qui s’est accélérée ces derniers mois suite aux nombreuses attaques kamikazes lancées par les branches locales d’Al Quaida, qui a annoncé la semaine dernière que les chrétiens du pays constituent désormais une « cible légitime ».

Dix jours après l’attaque  d’une cathédrale à Bagdad, ayant fait une soixante de morts et près de 80 blessés, la communauté chrétienne du pays vit dans l’angoisse de nouvelles représailles.


Malgré les promesses du gouvernement irakien, qui a assuré qu’il protègerait les familles chrétiennes face aux groupes terroristes islamiques, la menace est réelle et sérieuse. L’exode a d’ailleurs déjà commencé, notamment en Jordanie, en Syrie, mais aussi dans les pays occidentaux comme la France, qui offre asile aux personnes persécutées pour leurs croyances religieuses. Au train où vont les choses, dans quelques années cette minorité religieuse aura totalement disparu du pays. Et pour ceux qui restent, les intimidations et les menaces se multiplient : séquestrations, obligation de marier une fille ou une sœur à un musulman, paiement du « jiza » (un impôt  historiquement imposé par les musulmans aux "infidèles"), difficulté pour trouver un emploi non spécialisé, etc…

C’était mieux avant ?

En tant que membre du parti Baas, Saddam Hussein, dictateur sanguinaire s’il en est, avait pourtant compris que la création d’un grand empire arabe, à l’image de ce qu’était la grande civilisation perse d’autrefois, ne pouvait avoir lieu que dans un état de droit LAIQUE. A ce titre, les minorités religieuses étaient protégées et ceux qui s’attaquaient à elles étaient punis (zigouillés, dirons-nous).

 A ce titre, il avait compris que la religion ne devait jamais troubler « l’ordre public » et le rôle de l’Etat dans la protection des minorités était fondamental. Aujourd'hui, ceci n’est plus le cas. Le gouvernement irakien actuel, corrompu et divisé, n’est pas en mesure de faire face à des groupements islamistes à la fois nombreux et armés. Or les chrétiens d’Irak n’ont rien pour se défendre, ni arme ni milice, et ne font que payer les pots cassés d’une invasion américaine qui a sonné leur arrêt de mort. En quelques années, la situation a rapidement dégénéré. Si initialement les islamistes s’attaquaient aux lieux de cultes ou à quelques représentants cléricaux, tous les fidèles sont désormais victimes de leur haine. Les femmes sont violées, les hommes assassinés, et les enfants aussi. En 2006, un jeune garçon de 14 ans avait été kidnappé puis crucifié, une histoire atroce que les médias n’ont que peu repris dans leurs colonnes. Allez savoir pourquoi.

L’appel au secours

L'archevêque syro catholique Mgr Athanase Matti Shaba Matoka, jugeant « tragique » la situation des chrétiens dans le pays, a estimé mercredi qu'il « serait criminel de la part de la communauté internationale de ne pas s'occuper de leur sécurité ». Mgr Philip Najim, procureur de l'église chaldéenne près le Saint-Siège à Rome, a indiqué de son côté sur les ondes de Radio Vatican que « les terroristes veulent sûrement montrer au monde entier qu'il y a un vide politique en Irak et un manque d'unité au sein même du pays. » Personnellement, je pense qu’Al-Qaïda a perdu son combat en Irak face à la coalition menée par les Etats-Unis (contrairement à l’Afghanistan). S’attaquer aux chrétiens est donc la seule chose qui puisse leur permettre de « purifier » le pays des « infidèles ». La protection de cette minorité est donc une PRIORITE ABSOLUE afin que les islamistes n’éliminent pas les valeurs de laïcité qu’a toujours défendu le pays, comme c’est écrit dans sa Constitution (contrairement à d’autres pays arabes présents dans la région).

En « libérant » l’Irak du joug de Saddam, les Américains pensaient favoriser la démocratie. L’idée, audacieuse, a mal été mise en pratique, et aucun pays ne peut être démocratique et libre sans la liberté de culte qui l’accompagne. La disparition de la minorité chrétienne en Irak serait au contraire catastrophique et pourrait favoriser une « islamisation par le bas » d’autres pays majoritairement musulmans. Le sort des chrétiens dans les pays voisins de l’Irak est donc fortement corrélé au sort des chrétiens d’Irak. La communauté internationale doit faire de la protection des minorités religieuses en Irak une de ses priorités absolues.  Les fondamentalistes musulmans doivent échouer

(PS: message destiné aux coincés du cul intellectuels, si les victimes étaient musulmanes, la morale de l'article serait exactement la même)


Partager cet article

Repost0
24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 12:34

Abu_Ghraib_17a.jpg

Cela fait un certain temps que je souhaitais traiter ce sujet et, ayant récemment vu un film qui traite de ce sujet (Unthinkable, avec Samuel L.Jackson notamment) il était temps que je me lance. J'irai tout de suite dans le vif du sujet en indiquant que personnellement, même si je la condamne absolument, je considère la torture comme, hélas, une des inévitables options de la guerre.


Dans le film précédemment cité, un Américain converti à l'islam menace de faire sauter trois bombes nucléaires (quatre en fait, mais je ne vais pas spoiler pour ceux qui ont pas vu le film) sur le territoire américain. Capture par les autorités, il est tour à tour confronté a des violences physiques et morales sous l'œil horrifié de certains agents qui ne jurent que  par les conventions et droits internationaux au motif que la dignité humaine d’une personne vaut autant que celle de millions d’autres.

Le film, qui ne choisit aucun camp (sauf vers la fin, où on s’aperçoit que la décision prise aurait peut-être dû être l’autre), amène le spectateur a de poser la question suivante: la vie d'un seul homme ,qui plus est criminel, vaut-elle plus que celle de millions de personnes innocentes? Mon avis est extrêmement clair sur ce point et la réponse est oui. Certes, je n’ai jamais et n’espère jamais être confronté à ce genre de situation, mais un ennemi reste à mon sens un ennemi et seul l’intérêt du camp que je défends présente un intérêt à mes yeux.

A la fois « humain-sceptique » et réaliste, je suis conscients que des centaines d'individus sont en train de se faire arracher les ongles, de se faire couper les doigts, de voir leur femmes violées devant leurs eux au moment même où j'écris ces lignes et où vous êtes en train de les lire. La brutalité de l'Homme n'a pas de limite et, quand la motivation est assez forte, toutes les exactions deviennent, pour ainsi dire, presque évidentes.


Le film, réaliste par la mise en scène des séances de torture, souffre d'une certaine timidité dans sa façon d'appréhender la question centrale de sa trame, c'est à dire jusqu'où peut-on aller pour faire plier ou tordre quelqu'un (le mot torture vient du latin ‘torquere’, ‘tordre’). Les scénaristes n'ont pas voulu se mouiller quand ils ont abordé la question des enfants du terroriste, qu'ils auraient pu torturer devant lui pour le faire craquer. A ce sujet, la série 24 se montre plus audacieuse, exprimant clairement la question suivante: « comment voulez-vous gagner en respectant des règles que vos ennemis ne respectent pas? »

Le droit international, notamment via les déclarations de l'ONU  ou d'autre conventions de Genève, exclut catégoriquement toute pratique de torture, peu importe les circonstances.  La belle affaire…  Pensez-vous seulement une minute que les soldats sur le terrain, qu’ils soient de tel ou tel camp, s'occupent de ces belles paroles prononcées par des bureaucrates en col blanc? Ces mêmes bureaucrates qui dorment sur leurs deux oreilles car ces mêmes soldats luttent sur le terrain de toutes leurs forces pour dresser un mur face à un ennemi plus ou moins visible.


En première ligne, "la raison d'Etat" prime sur tout le reste et n'a que faire de la dignité de l'homme. Tout ce qui compte, c'est de sauver son camp. ses amis, ses compatriotes, sa patrie. A la guerre, les remords sont bien souvent moins graves que les regrets.

Cependant, la torture, si elle peut s'avérer efficace dans un bref délai face à des individus relativement fragiles, peut également avoir un effet pervers à long terme en devenant un formidable réservoir de haine, d'hostilité et de rancœur chez la personne qui l'a subie. Le remède peut ainsi devenir plus tard pire que le mal. Par ailleurs, les fausses révélations sont légion dans ce genre de cas (Guantanamo, par exemple), la victime étant prête à dire tout et n'importe quoi pour faire cesser les supplices, même si elle n'a rien de concret à révéler. Pourtant, face aux extrémistes les plus rigoureux, totalement détermines à mener à bien leur mission, c'est peut-être la seule (et dernier) chance d'obtenir des révélations importantes. Le dialogue peut fonctionner, mais uniquement avec eux qui ont envie de dialoguer. Pour les autres, seule la manière forte peut peut-être les inciter à parler…

Partager cet article

Repost0
25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 23:23

Dieudo-KKKC’est désormais devenu un gros-mot à la télévision, à la radio, dans les journaux… Prononcer son mot fait de vous un facho, un intégriste, un extrémiste, un antisémite… Depuis le 1er décembre 2003 et son fameux sketch sur le colon israélien lors de l’émission « On ne peut pas plaire à tout le monde », animée par le philosophe Marc-Olivier Fogiel, Dieudonné, de son vrai nom Dieudonné M'bala M'bala, est devenu LA personne à abattre. Ou plutôt, elle l'était, car plus aucun média ne prend le risque de passer un de ses sketchs, au risque d'avoir toute la profession à dos. Mais le problème Dieudonné est plus compliqué que ça.
 

 

Le plus talentueux des comiques français (il survole de très, très très loin les Gad Elmaleh, Jammel Debbouze et autres Dubosc) est également une personnalité complexe, qui a payé cher sa non-conformité mais aussi ses déclarations faites à la fois de vérités, mensonges, provocations, conneries etc. Entre 2000 et 2003, certaines de ces interventions lui ont valu plusieurs procès. "« Les Noirs ne sont autorisés que dans quelques plages d'expression : le sport et l'humour ... et on ne pourra jamais aller plus loin, avoir des responsabilités car les Noirs ne sont que des grands enfants, des clowns pour le Blanc esclavagiste, le capitaliste puissant (…) on ne parle que pour faire rire ; jamais nous ne pourrons être des hommes de pouvoir" disait-il en 2000. Si l'histoire lui aura donné tort, avec l'élection d'Obama à la tête de la présidence américaine, ses propos sont aussi teintés de vrai. Dans les films américains, le meilleur ami du héros (blanc), est quasiment toujours le "noir de service", clown à ses heures perdues, maladroit souvent, juste bon à faire rire le spectateur. C'est une caricature, mais une caricature de la vie. Autre intervention :" “Le peuple élu”, c’est le début du racisme. Les musulmans aujourd’hui renvoient la réponse du berger à la bergère. Juifs et musulmans pour moi, ça n’existe pas. (…) Ce sont deux notions aussi stupides l’une que l’autre (…) Certains musulmans prennent la même voie en ranimant des concepts comme “la guerre sainte". Ici encore, tout le monde est dans le même sac. Juifs, musulmans, personne n'est meilleur ni pire que l'autre.

Dieudonné, dans ses sketchs, n'a par ailleurs épargné personne, imams, rabbins, chrétiens, toutes les religions et toutes les corporations y passent.Mais son sketch sur le colon israélien, effectué en direct le 1er décembre 2003 a visiblement été celui de trop, celui qui a sonné le début de sa fin (médiatique). Ci-dessous, la vidéo, pour que chacun puisse se faire sa propre idée.

 

"Moudjahidin du rire", "bombe artisanale" "l'axe du bien"… des phrases qui ne passent pas, surtout pas face à un maghrébin (Djamel, qui, plus intelligent que les autres, avait compris que c'était un sketch), et surtout pas à la télévision, à l'heure du politiquement correct. La fin du sketch est, il est vrai, très osée. Faire le salut hitlérien (Dieudonné a volontairement joué sur l'ambiguïté pour que l'on croit cela) à une heure de grande écoute et notamment en faisant référence aux people juif, c'était culotté. Suite à ce sketch, ses apparitions télévisuelles se sont éteintes peu à peu, malgré ses tentatives de justification 

 

   

Oui, il y a des juifs crétins. Tout comme il y a des chrétiens crétins, des musulmans crétins, des bouddhistes crétins et des athées crétins. Par ailleurs, il faut se poser la question du "peut-on rire de tout". La Shoah a été effectivement un événement tragique du siècle dernier, mais ce n'est pas le seul génocide de l'histoire, loin de là. Rwanda, Ex-Yougoslavie, URSS, Amérindiens, Grand bond en avant de Mao… Des centaines de centaines de génocides ponctuent notre passé, et pourtant, ce ne sont pas des sujets tabous. En revanche, la Shoah est un thème tabou. Mais en débit de leurs souffrances, terribles et inimaginables, les juifs sont-ils à l'abri de la moquerie? Est-il interdire de se moquer d'un juif? Et encore, pour être plus exacts, Dieudonné sépare juifs et juifs sionistes, qui, selon lui, utilisent la "pornographie mémorielle" de la Shoah  pour que le "lobby sioniste (…) cultive l’unicité de la souffrance". Encore une fois, je le précise, la Shoah est un événement terrible de notre histoire, mais en tant que citoyen libre, j'estime que personne n'est à l'abri de la moquerie. Certaines minorités ne doivent pas nuire à la liberté d'expression, le droit fondamental qui, a mes yeux, a le plus de valeur. Moi-même journaliste, je m'insurge contre le politiquement correct qui sévit depuis quelques années dans les médias, qui oblige les présentateurs à rester dans des rails préétablis et les comiques à s'autocensurer.  

Présent sur le plateau de l'émission ZAP 8, Bruno Solo a une fois présenté le problème Dieudonné de la façon la plus claire qui soit. Son explication est, à mon sens, juste et honnête.

 

 

Rien à rajouter. Ah si, virez l’animatrice Rachel Bourlier, qui ne veut "pas faire la pub" à Dieudonné. C'est bien. Elle a bien écouté ses chefs, qui eux aussi souhaitent faire un audimat tout en douceur. Bruno Solo a raison sur deux points essentiels. Dieudonné, se sentant de plus en plus isolé, a sans cesse ajouté de la provocation à la provocation. Or les médias, il faut les caresser dans le sens du poil. Peu à peu, il a fini par s'isoler, devenant une caricature de lui-même, ses déclarations étant systématiquement zappées et ignorées. Clémentine Célarié est une autre personnalité qui a eu le courage (ou la folie, c'est selon), de donner son point de vue sur l'affaire Dieudonné. On sent d'ailleurs le malaise sur le plateau au moment où elle prononce le mot de l'artiste.

Qui est Dieudonné au final ? C’est avant tout une victime des média. Quelqu’un d’extrêmement talentueux, mais pas malin dans sa conduite, qui a fini par totalement s'isoler en raison de sa conduite "jusqu'auboutiste", en dépit d'idées et de thèses qui méritaient le débat. Provocateur, il a porté préjudice à son combat et le responsable de cet échec lui est imputable, notamment à cause de sa politique de radicalisation (anti-sioniste, pro-Hamadinejad à outrance et anti-américaine) qui l’a écarté de la scène publique au sens large. On ne change pas les choses en étant isolé, on les change en s’impliquant. Mais comment s’impliquer quand on ne veut plus de vous ? Sacré dilemme.

 Seule solution, continuer à parler de tous ces thèmes avec dérision dans ses sketchs, ce que Dieudonné fait merveilleusement bien. Je souhaite que Stéphane Guillon, l'ancien chroniqueur  de France-Inter (qui ne me fait pas rire du tout mais dont j'apprécie sa liberté de ton et de parole), de  réussir aussi bien en spectacle, maintenant que les médias ne veulent plus de lui non plus.

Vive la liberté. 

 

 

Un des grands sketchs de Dieudonné

________________________________________________________

Le point de vue de UcCaBaRuCcA: http://enregardantparlafenetre.over-blog.com/2014/01/dieudonn%C3%A9-ou-la-vague.html

Partager cet article

Repost0
5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 22:49

granville-paris-bonde1-copie-1    

 

Dimanche soir, un des sujets de l’émission Capital concernait les compagnies aériennes, et notamment celles dites low coast. Non que cette émission m'ait appris quelque chose (rare quand un programme de M6 le fait) mais elle me donne l'occasion de remettre sur la table  la mainmise de l'argent, aujourd'hui "instrumentum potem" (instrument de pouvoir) au détriment de l’homo sapiens sapiens. 

 
Dans leur chasse sans limite aux économies, les compagnies low coast (easyjet, ryanair etc) se triturent les méninges pour trouver des façons de grappiller le plus d'argent aux voyageurs et remplir leurs tiroirs-caisses, toujours trop pauvres. (ben oui c’est la crise voyez-vous). Après le paiement des valises au-dessus d'un certain poids et le speed-boarding, elles poussent encore plus loin le vice en envisagent de faire payer l'utilisation des toilettes, de délivrer des places debout ou de facturer une place double aux personnes obèses (injuste pour elles, mais pas pour la personne à côté, soyons honnêtes).

Or, le confort des usagers ne compte plus et l'espace entre chaque siège est extrêmement réduit. Plus on a de place dans un avion, moins on l’accorde aux voyageurs. Sur l'a380, le plus grand avion civil du monde, on aurait pu espérer que les compagnies aériennes profiteraient de cet espace pour optimiser le confort de leurs clients. Il n'en est rien. En classe eco, le gain d'espace entre chaque siège est d'environ 2 cm par rapport à l’ancienne génération d’avions Airbus... Si vous voulez du confort, passez en classe affaires, sinon, niet! A en croire les amateurs de l'aviation, l'a380 est la 8eme merveille du monde, l'appareil de dernière génération qui pousse le luxe a son paroxysme et fait du voyage en avion un moment de pur plaisir. A mes yeux, cet avion n'est pas une évolution, mais une régression. Il représente la boulimie capitaliste des compagnies aériennes, dont Air France fait partie. Repensez au Concorde. Un avion aux lignes épurées, véritable révolution des années 80-90 et dont le sort funeste ne vous est pas inconnu. A son bord, le confort de voyage y était total (certes, il se payait cher), mais personne n'osait régner sur la qualité au détriment de la qualité. Le confort de voyage était l’essence même de cet avion. La renier, c’était renier l’avion lui-même. L'a380, au contraire, n’a jamais été conçu dans cette optique. Le « Super Jumbo »  peut transporter de 525 à 853 passagers suivant la configurationdes compagnies aériennes. Le plus souvent, c’est la dernière option qui est envisagée.

Dans un secteur de plus en plus concurrentiel, il faut réduire les vols (pour économiser du kérosène), tout en transportant le plus de voyageurs possibles. La solution ? Faire rentrer tout ce petit monde dans la boite de sardine volante en leur promettant moult mal de dos, torticollis, et autres coudes du voisin dans les côtés ou dans l’œil. L’A380, c’est le rêve ultime des compagnies aériennes, la quintessence même de leur philosophie, qui se résume en un seul mot : économies. Là encore, c'est une façon comme une autre de ne pas respecter les gens, les individus, les autres. Les hommes quoi. Qu’il est loin le temps du célèbre Orient Express… 

 


Admirez le confort qui règne au sein de la classe eco d'un A380, l'avion du 21e siècle

 

 

 

 

 

Partager cet article

Repost0
21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 10:56

maillotfrance.jpg Le spectacle offert par les bleues en équipe de France restera dans les annales comme un des plus grands échecs sportifs français. Depuis la défaite contre le Mexique, les langues se délient, les rivalités ressortent au grand jour, l'incompétence règne, faisant les choux gras de la presse qui, à juste titre, tire à boulet rouges sur une bande d’incapables censés porter les couleurs de leur patrie…

Insultes, mauvaise ambiance, blacks contre blancs, refus de s’entrainer, résultats catastrophiques…Comment a-t-on pu en arriver là? Pas de doute, la faute est collective, et chaque membre de l’organigramme, qu’il s’agisse des joueurs, de l’entraineur ou des cadres de la fédération, va y prendre pour son grade dans les lignes suivantes, selon un ordre croissant de responsabilité établi par mes soins.


A commencer par la fédération française de football, et notamment son président, Jean-Pierre Escalettes. Soutient indéfectible du sélectionneur Raymond Domenech, Escalettes a tout fait pour que ce dernier garde les rênes de l’équipe, refusant de prêter attention aux signaux d’alerte, pourtant nombreux, ressortis après la débâcle de l’euro 2008. Or, déjà à l’époque, les noms de Laurent Blanc ou Didier Deschamps circulaient avec insistance comme plausibles remplaçants. Mais niet, même jouer, joue encore. Les bonnes intentions d’Escalettes ne sont pas en cause. L’homme a toujours voulu le mieux pour le sport français, il suffit de voir sa croisade contre ceux qui ne respectent pas l’hymne national pour se rendre compte qu’il prend sa mission très à cœur. En revanche, son manque de jugeote (au mieux), ou son incompétence (au pire), ne peuvent qu’être soulignés. Président de la plus haute instance française de football, il doit prendre l’entière responsabilité de ce qu’il se passe, et donc, en assumer les conséquences. Quand une crise prend des proportions pareilles et oblige même la Ministre des sports Roselyne Bachelot à jouer les pompiers de service, il y a des questions à se poser. Et Escalettes devrait s’en poser.

 

Suivant sur la liste, Domenech bien sûr. Je n’ai jamais apprécié le personnage, arrogant dans ses discours avec les journalistes, dénué de charisme, et, comme nous avons désormais pu le voir depuis dimanche dernier, dénoué de tout honneur. Se rabaisser comme il l’a fait, en lisant le message d’une « équipe » qui n’a pas le courage d’avouer elle-même qu’elle ne s’entrainera pas, est proprement scandaleux. Après six ans à la tête de l’équipe de France, et alors qu’il s’apprête à « diriger » son dernier match mardi face à l’Afrique du Sud, l’heure est au bilan. Pas si mauvais diront certains (il a qualifié la France à partir des éliminatoires pour trois grands championnats (2006, 2008, 2010), catastrophique à mon sens. L’histoire ne retient que les vainqueurs et lui n’en est pas un. Cet homme n’est pas un leader. Il n’a pas su mettre au pas les trois ou quatre caïds (Ribéry, Anelka, Evra…), qui ont mis une mauvaise ambiance au sein de l’équipe. Lâche et laxiste, il a cru que ces trois personnages (qui ne savent même pas aligner correctement deux mots de français en conférence de presse) allaient devenir les nouveaux cadres de l’équipe, héritiers des Zidane, Deschamps et autres Blanc de l’épopée 98. Erreur. Magistrale même. Croire que des gamins comme Ribéry ou Anelka pouvaient avoir ne serait-ce que 10% de la jugeote de ces anciennes stars du football c’est faire preuve d’une rare incompétence. Le rôle d’un entraineur est de créer un groupe, de tuer dans l’œuf les divisions et les hostilités entre les différents personnages afin d’offrir à son pays une équipe qui jouera comme un seul homme sur le terrain. Domenech n’a jamais sur faire cela. Peut-être a-t ’il essayé, peut-être s’est-il fait surprendre par la prise de pouvoir de certains pseudos-cadres à l’égo surdimensionné, peut-être a-t ‘il lui-même eu peur pour soi… Dans tous les cas, son échec est total. Son groupe, son équipe de France n’aura été qu’une chimère. Le comble de l’humiliation a été atteint dimanche quand il a dû rendre compte de la mutinerie des joueurs. A ce moment-là, j’ai (presque) eu de la peine  pour lui. Devoir céder à ce point devant les caprices d’une bande d’enfants gâtés, ne pas avoir le droit de monter dans le bus avec eux, manquer à ce point d’autorité, c’est trop. Domenech, il est enfin temps que tu partes, pour l’équipe, pour le sport français, mais surtout pour toi.

 

 

Les enfants gâtés. Parlons-en justement. Quel Français n’a pas rêvé au moins une fois dans sa vie de porter les couleurs de l’équipe de France. Cet honneur, certains y ont accès. Mais ils le bafouent, le salissent, le pourrissent. Par leurs caprices, leurs petites phrases, leur façon de parler, d’agir, et surtout, de pratiquer le football, ils font honte à leur pays. Aux amateurs de football, aux enfants qui rêvent devant leurs exploits, aux personnes qui veulent s’unir dans un moment de fraternité… Anelka, l’enfant terrible du football français, ne mérite pas sa place en équipe de France. Même un escargot court plus vite que lui et mouillerait plus son maillot sur un terrain. Ribéry, qui assure « beaucoup aimer Yoann Gourcuff », ne lui passe jamais un ballon. La coupe du monde est pour lui une tribune personnelle où il veut montrer ses prétendus talents de dribbleur et de buteur (pas vus encore…). Evra, capitaine de l’équipe de France (là on rigole), et qui devrait donner l’exemple, s’entête à affirmer que le problème n’est pas Anelka mais le « traître » qui a trahi le groupe. Comme dans les cités, le coupable est innocent et la « balance » doit être éliminée. C’est ça l’équipe de France d’aujourd’hui. Elle est à l’image de quelques banlieues difficiles (pas toutes, quelques). Certains caïds font régner le désordre, empêchant ceux qui veulent travailler correctement de faire le boulot. Elle est à l’image de tous les Ribéry qui se placent en fervents défenseurs d’une pseudo-morale religieuse alors qu’ils sont les premiers à se taper la jeune prostituée du coin. Elle est à l’image d’Anelka et de ces joueurs qui ne mouillent pas leur maillot tout simplement car ils n’en ont rien à foutre. Pourris par l’argent, enivrés par leur ego et leur image de superstar, ils en oublient l’honneur qui leur est donnée de défendre leur patrie au cours d’une compétition internationale. Ils ne chantent pas l’hymne national là où toutes les autres équipes le font. Ils ne savent pas aligner deux mots de Français (mention spéciale à Evra avec ses « relever des montagnes »,  « je vais jouer avec tout le professionnel que j’ai, et autres «ce qui se dit de droite à gauche»...), et prennent des décisions invraisemblables (arrêter les entraînements etc…). Attention, pas de racisme dans ces précédentes, car les "blancs" peuvent eux aussi être pointés du doigt. Mais, comme les nombreux JRI présents en Afrique ou lors des entrainements en témoignent, le clan, le pouvoir, est détenu par les trois personnages précédemment cités.

 

 

Par leur comportement inacceptable, quelques joueurs ont détruit tout un groupe et salit l’honneur sportif de leur pays. La presse mondiale rigole, la France pleure.

On n’a que ce que l’on mérite, disait l’autre. Hélas, les Français ne méritent pas cela, et surtout, ces joueurs, ne méritent pas tout l’argent qu’ils ont. La juste punition ? L’exclusion à vie de l’équipe de France. A Laurent Blanc, futur entraîneur de l’équipe nationale, nous souhaitons bonne chance, et surtout, bon courage. Le courage de prendre les décisions qui s’imposent…

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article

Repost0
16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 13:30

 

salaison.jpg

L’apéro géant saucisson et pinard lancé sur Facebook et qui devait se tenir vendredi au cœur du quartier multi-ethnique de la Goutte-d'Or a finalement été interdit par la préfecture de Paris afin d’éviter les « risques de débordements violents et haineux ». Inutile de tourner autour du pot, l’initiative de de cet apéro géant, auquel avait convié (entre autres)  le groupuscule proche de l’extrême droite Bloc identitaire, apparaissait clairement comme une réponse aux nombreux musulmans qui, tous les vendredi, barrent les rues de la Goutte d’Or pour y faire leurs prières, empêchant, volontairement ou pas, le passage des riverains qui résident dans le quartier. Hasard du calendrier ou pas, ce vendredi est également le jour de la rencontre entre l’Angleterre et l’Algérie ainsi que l’anniversaire des 70 ans de l'appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle. Provocateur ou pas, chacun en jugera, mais l’apéro était considéré, selon sa fondatrice, avant tout comme une « protestation joyeuse ».


Les autorités, sous la pression des partis de gauche, de certains ministres, du maire de Paris et de diverses associations antiracistes, ont donc préféré jeter de l’eau sur le feu plutôt que de l’huile, s’assurant ainsi d’éviter toute escalade à la violence. Cette décision, qui vaudra aux forces de l’ordre quelques coups et insultes en moins, est pourtant lourde de conséquence. Il faut aller au bout du raisonnement et se poser la question suivante : ce type d’apéro a-t-il été annulé pour l’occasion ou le saucisson et le pinard sont-ils devenus (eux aussi), des ennemis de la République, symboles d’un politiquement incorrect désormais devenu règle générale en politique et chez les médias  ? Je n’espère pas.

 

Mettez un étranger devant une table remplie de charcuterie, de fromages et de vins et il ne lui faudra pas plus de 30 secondes pour qu’il pense à la France. Comme la mozzarella et la pizza font penser à l’Italie, les aliments mentionnés précédemment font penser au bleu blanc rouge. Or, religion oblige, les musulmans et les juifs pratiquants sont « de facto » exclus de tout événement où le vin et la viande de cochon sont au menu. Et c’est là que les amateurs de la bonne chère et du bon vin auront envie de dire « tant pis pour eux non ? ». Doit-on interdire à des personnes de manger du saucisson et de boire du vin au motif qu’une partie (minoritaire) de la population française ne peut pas se joindre à eux ? Une petite frange de la population dicte ses règles à la majorité et le gouvernement, trop enclin à préserver « l’ordre public », n’y voit rien à redire. Dans ce cas, autant interdire les « soirées couscous », la « fête de la bière », « les rencontres entre chrétiens », « entre juifs », « entre musulmans », entre « arabes », « anglais », « espagnols » ou « italiens » qui se multiplient sur les réseaux sociaux. Allons plus loin et interdisons même les « fêtes entre voisins », entre « geeks », entre « gros ou maigres », entre « amateurs des films pornos pour nains », « films pornos entre outzbeks », voire « films pornos entre nains outzbeks » au motif qu’elles excluent telle ou telle frange de la population. Quelle est la frontière entre liberté de réunion et communautarisme ? Manger du saucisson et du vin serait-il devenu du communautarisme ?

 

La décision d’annuler l’apéro géant sur ce thème vendredi n’est pas claire. Les autorités ont, peut-être à juste titre, voulu empêcher des dérapages, mais elles ont jeté un pavé dans la mare et devraient clarifier leur situation. Quelle va être leur position si ce type d’initiative sera proposé un autre jour de la semaine, dans une autre ville et dans un autre quartier ? Plus que la réforme des retraites, il sera difficile pour le gouvernement de faire passer une interdiction générale des apéros saucisson et pinard. Car comme le disait Jean Gabin, "dans chaque Français il y a un cochon qui sommeille…"

 

 

 

 

Partager cet article

Repost0
20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 20:57

 

     20090803_audience_chaines.jpg

Le paf (paysage audiovisuel français) pullule d’missions a but informatif : de zone interdite et capital sur M6 en passant par le tout récent HD sur TF1, le spectateur français a de quoi assouvir sa faim de connaissance. Tant mieux, me direz-vous. Une presse dynamique est la pierre angulaire de toute démocratie qui se respecte. Pourtant, ces émissions sont, à mon sens, un calvaire de tous les instants. Je ne relèverai même pas les 50 minutes inside et autres 100% Mag qui devraient être accompagnées du logo «just for fun » en raison de leur caractère journalistique très (très très) aseptisé. Le mal qui frappe tous ces show (car ce sont bien des show), est celui de la facilité: enquêtes bâclées, analyses simplistes ou moralisatrices, absence de pluralité de points de vue, ... 

Quand j ai voulu être journaliste, je pensais que j allais transmettre au public une vérité absolue. C'est-à-dire que ce que j’allais raconter était tout simplement le reflet exact de la vie. 4 ans plus tard, je réalisé combien la tache est ardue, et parfois impossible. A vrai dire, je suis plus perdu que jamais, ce qui, paradoxalement, me fait dire que j'ai muri. Le «je sais que je ne sais rien » de Socrate, nouveau leitmotiv du journaliste télé? Pourqoi pas. Car s’il y a bien un fait qui semble établie,c'est qu’une seule vérité n'existe pas (sauf dans les raisonnements mathématiques). Du coup, je m'efforce de pondérer chacun de les articles, conscient que ce que je dis, j explique, ou relate, n’est peut-être qu’une facette d'un plus vaste problème dont je ne suis pas en mesure de cerner tous les enjeux.

Cela, je ne le retrouve pas dans les émissions nommes précédemment. Dès le sommaire, elles donnent d’ailleurs le ton, avec leurs phrases désormais bien ancrées dans le émissions françaises : « nous allons vous expliquer comment faire ceci ou cela » , « vous saurez tout sur ceci ou cela »,  « ceci ou cela n’aura plus de secret pour vous ». Petite question : les journalistes a l origine de ces enquêtes sont-ils surs d avoir analysé en totalité la problématique sur laquelle ils travaillaient? Peuvent-ils vraiment, en à peine vingt ou trente minutes (temps moyen de la durée d’un reportage), TOUT expliquer ? Et surtout, plus grave, sont-ils conscients qu’un grand nombre de personnes prend pour argent comptant leurs dires? Une responsabilité qui devrait les interroger quand on sait que les émissions qui passent le dimanche soir sur M6 s’octroient une part d’audience avoisinant les 19¨% (environ 4 millions de téléspectateurs) sur les ménagères de moins de cinquante ans. Attention, quand je dis "ils", je ne m'exclue pas du reste de la profession.

Quantité ou qualité, le débat est ouvert

Italien d’origine, je ne regarde plus les reportages réalisées en France sur des sujets typiquement transalpins comme la mafia, les différences entre le nord et le sud, les imbroglios politiques etc. Car chaque reportage est d'une lamentable pauvreté intellectuelle. De même, les reportages sur la France diffusés en Italie sont incapables de dessiner un tableau qui rendrait hommage a la complexité de la société francaise. Pourquoi? Car, comme trop souvent, on ne prend pas le temps de réfléchir. De poser les bonnes questions. D’analyser toutes les teintes d’un tableau plutôt que de braquer son regard sur le premier plan. Même problème pour les médias en ligne. L’heure est a la rapidité, aux titres chocs et aux chapeaux accrocheurs qui donnent envie de cliquer sur l'article. Dans les médias en ligne, le premier des enseignement est celui de limiter la taille de ses articles, afin de ne pas décourager l’internaute pressé. Dans une société où tout doit aller très vite, on encourage à balancer du flux, du flux et encore du flux. Au détriment de la qualité.

Et vous, que préférez-vous ? Vous amuser avec énormément de choix de moyenne qualité ou alors disposer d’informations de qualité mais moins nombreuses et peut-être aussi plus « austères » ? A vous de voir.

Liens utiles:

Les forçats de l'info (article du Monde)

 

Partager cet article

Repost0
4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 21:59

newspaper"Think, it ain't illegal yet", Penser n'est pas encore illégal, c'est ainsi que le gourou de la Funk, George Clinton, introduisait Maggot Brain, jouer sur scène par le talentueux guitariste Eddie Hazel.

 

 

Penser n'est pas encore illégal, certes. Mais qu'en ait-il d'écrire et de parler, aujourd'hui, en France? Beaucoup se sont posé la question suite à l'élection du président de la république Nicolas Sarkozy qui a beaucoup de dirigeant du monde médiatique dans son carnet d'adresse personnel. Une étude impartiale (la trentième) de Freedom House, organisation américaine qui surveille la liberté de la presse au niveau mondial, peut nous éclairer.

 

Le premier coup d'oeil est un soulagement: même si il faut  descendre jusqu'à la deuxième page pour voir la France en 40éme position sur 196 pays, des 3 catégories de "liberté" définis par Freedom House (Free, Partially free, et Not Free), la France fait bien partie des heureux pays à avoir une presse libre. Il n'y a donc pas à s'inquieter, nous ne vivons pas sans le savoir sous une dictature médiatique qui nous "manipulerais" comme l'affirment certains (peu, en verité) sur les plateaux télé.

Maintenant si on regarde de plus près nos voisins sur  le tableau (Chypre, Malte, la Rep. Dominicaine, puis la Hongrie, la Slovaquie, et le Surinam) on se dit que, passé le risque de la dictature télévisuelle, la situation n'est quand même pas glorieuse. Le pays de la révolution Française, des lumières et des droits de l'homme se retrouvant en 40ème position de ce genre de classement, ça fait un peu tâche! Il est urgent donc de voir plus en profondeur de quoi il s'agit.

 

Voici ce qui ressort du rapport de Freedom House sur la France de 2009 (article complet en Anglais ici):

1. La France a du mal à définir clairement le droit des journalistes, en premier lieu le droit à la confidentialité des sources (perquisition du Canard enchainé suite aux fausses accusations dans l'affaire Clearstream en 2007, affaire Autoplus en 2008, garde à vue de Vittorio De Filippis de Libé etc.). Notons qu'une loi renforçant la protection des sources est passée fin 2009.

2. Le gouvernement supporte une presse libre mais dans les faits, certaines lois comme la loi Gayssot (contre le déni de l'holocauste) limitent la liberté d'expression sur certains sujets.

3. Le président de la République va pouvoir nommer le chef de la télévision publique, les garanties d'impartialité sont encore floues.

4. Le Gouvernement contrôle plusieurs agences qui pourvoient la publicité (= les revenues) aux médias.

5. Il n'y a pas de restriction gouvernementale quand à l'utilisation d’Internet, toutefois une loi de 2006 pour lutter contre le terrorisme autorise les autorités à contrôler les suspects.

  Press freedom 2009

 

Qu'est ce que nous pouvons en dire? Que ce n'est pas rose. Que si la presse est belle et bien libre, il existe beaucoup de moyens de pressions pour l'influencer, à défauts de la contrôler. Avec un peu plus de courage (et de créativité?) de la part des journalistes et quelques réglementations au niveau de l'anomalie des régies publicitaires à participation gouvernementale, nous devrions grimper rapidement parmi les pays exemplaires! Donc pas de panique, la situation n'est pas hors de contrôle. Pour le comprendre allons voir un peu ce qui ce passe chez la lanterne rouge des pays de l'UE. A' la 75ème place du classement, le seul pays de l'UE à être classé dans la catégorie des presses partly free, entouré du Royaume des Tonga, du Bénin et de l'Inde, puis de la Namibie, de Timor Est et du Botswana, j'ai nommé: l'Italie!

 

 

Résumé du tableau Press ranking selon Freedom House (tableau complet ici)

 

       Status            Nb de pays              Pourcentage

  Free                     69                           35% 

Partly Free           64                           33%

Not Free               63                           32%

TOTAL                196                        100%

 

 

Un petit rappel pour commencer, à ceux qui croient (sincèrement la plupart du temps) que Sarkozy est un Berlusconi français. Heureusement, il n'en est rien. Laissons de coté le patrimoine énorme du Cavaliere et sa provenance plus que douteuse, laissons de coté ces rapports avérés avec certains gros bonnets de la criminalité organisé, laissons de coté ses frasques personnelles et ses procès en cours et concentrons nous sur ce qui nous intéresse: les Medias.

Outre la presse écrite où Berlusconi, propriétaire des groupes éditoriaux Mondadori e Einaudi, a un quasi monopole, en Italie il y a 7 chaînes de télévision pour le grand public. Les chaînes publiques Rai 1, Rai 2, Rai 3. Les chaînes privées  Rete 4, Canale 5, Italia 1, et la petite La 7 qui se bat contre vents et marée pour exister et être indépendante. Enfin les chaines locales. Pour faire court:

  • - S. Berlusconi est le propriétaire à travers Mediaset de rete 4, Canale 5, et Italia 1, ce qui est déjà en soit une anomalie rendu possible par quelques tours de passe-passe législatifs, notamment grâce à Bettino Craxi, le président du conseil PSI (socialiste) qui a signé le "décret Berlusconi" en 1985.
  • - Le gouvernement Italien en revanche a une autorité sur Rai 1, Rai 2, Rai 3 (les présidents de chaine sont nommés par la commission parlementaire de vigilance et par deux conseillers choisis par le ministre de l'économie). Bref, la Rai souffle dans le sens du pouvoir en place.

Seulement, depuis l'élection de S. Berlusconi au poste de Premier Ministre, à la tête de l'Etat Italien, la quasi totalité des medias télévisuelles se retrouve entre les mains d'un seul homme, qui plus est, au pouvoir...

Voilà, la situation est absolument inédite dans un pays développé, et va à l'encontre de toutes les notions de pluralité de l'information et de démocratie. Attention, à ceux qui voient l'Italie comme un pays où la censure serait rigide et de type militaire, où l'on ne pourrais pas parler mal du Président du conseil, c'est faux (à part dans le journal pittoresque et Stalinien de Rete 4 avec son conducteur Emilio Fede). La censure dans un pays occidental est beaucoup plus subtile. Dans les déclarations gouvernementales concernats les medias, le loup se cache souvent dans la peau de l'agneau...

 

 


Un petit exemple de ce que n'est pas la liberté de la presse en Italie: cette interview de P. Borsellino, juge antimafia assassiné en 1992 (voir article), a été faite quelques jours avant sa mort par deux journalistes Français de l'Express (Fabrizio Calvi et Jean Pierre Moscardo) Il y parle notamment de Marcello Dell'Utri et... Silvio Berlusconi dans le cadre de lien entre la Mafia et le tissu industriel Milanais.

Cette interview n' a jamais été diffusé sur les chaînes italienne, ni privé (ça se comprend, ce sont les chaînes de Berlusconi), ni sur les chaînes publiques. Ce document (qui, je le rappelle, en sois est une bombe journalistique, c'est quand même le plus grand juge, qui est plus est martyrs, qui parle du chef du gouvernement actuel...) est passé une fois à 2h du matin sur Rainews24 en version coupé de 30 mn (la VO est de 50mn) en 2000, soit 8 ans après les faits. Le texte à en revanche été publié le 8 avril 1994 sur l'Express. Suit la vidéo. Ici la transcription de l'interview en Anglais

 

Partager cet article

Repost0

Présentation

  • : En regardant par la fenetre
  • En regardant par la fenetre
  • : Un blog sur l'actualité, la politique, la société, l'économie, l'information. Plusieurs rédacteurs de tout horizons politiques et géographiques. Le but étant le dialogue, chaque commentaire trouvera une réponse de notre part.
  • Contact