Le paf (paysage audiovisuel français) pullule d’missions a but informatif : de zone interdite et capital sur M6 en passant
par le tout récent HD sur TF1, le spectateur français a de quoi assouvir sa faim de connaissance. Tant mieux, me direz-vous. Une presse dynamique est la pierre angulaire de toute démocratie qui
se respecte. Pourtant, ces émissions sont, à mon sens, un calvaire de tous les instants. Je ne relèverai même pas les 50 minutes inside et autres 100% Mag qui devraient être
accompagnées du logo «just for fun » en raison de leur caractère journalistique très (très très) aseptisé. Le mal qui frappe tous ces show (car ce sont bien des show), est celui de la
facilité: enquêtes bâclées, analyses simplistes ou moralisatrices, absence de pluralité de points de vue, ...
Quand j ai voulu être journaliste, je pensais que j allais transmettre au public une vérité absolue. C'est-à-dire que ce que j’allais raconter était tout simplement le reflet exact de la
vie. 4 ans plus tard, je réalisé combien la tache est ardue, et parfois impossible. A vrai dire, je suis plus perdu que jamais, ce qui, paradoxalement, me fait dire que j'ai muri. Le «je sais que
je ne sais rien » de Socrate, nouveau leitmotiv du journaliste télé? Pourqoi pas. Car s’il y a bien un fait qui semble établie,c'est qu’une seule vérité n'existe pas (sauf dans les
raisonnements mathématiques). Du coup, je m'efforce de pondérer chacun de les articles, conscient que ce que je dis, j explique, ou relate, n’est peut-être qu’une facette d'un plus vaste problème
dont je ne suis pas en mesure de cerner tous les enjeux.
Cela, je ne le retrouve pas dans les émissions nommes précédemment. Dès le sommaire, elles donnent d’ailleurs le ton, avec leurs phrases désormais bien ancrées dans le émissions
françaises : « nous allons vous expliquer comment faire ceci ou cela » , « vous saurez tout sur ceci ou cela », « ceci ou cela n’aura plus de secret pour
vous ». Petite question : les journalistes a l origine de ces enquêtes sont-ils surs d avoir analysé en totalité la problématique sur laquelle ils travaillaient? Peuvent-ils vraiment, en à
peine vingt ou trente minutes (temps moyen de la durée d’un reportage), TOUT expliquer ? Et surtout, plus grave, sont-ils conscients qu’un grand nombre de personnes prend pour argent
comptant leurs dires? Une responsabilité qui devrait les interroger quand on sait que les émissions qui passent le dimanche soir sur M6 s’octroient une part d’audience avoisinant les 19¨%
(environ 4 millions de téléspectateurs) sur les ménagères de moins de cinquante ans. Attention, quand je dis "ils", je ne m'exclue pas du reste de la profession.
Quantité ou qualité, le débat est ouvert
Italien d’origine, je ne regarde plus les reportages réalisées en France sur des sujets typiquement transalpins comme la mafia, les différences entre le nord et le sud, les imbroglios
politiques etc. Car chaque reportage est d'une lamentable pauvreté intellectuelle. De même, les reportages sur la France diffusés en Italie sont incapables de dessiner un tableau qui rendrait
hommage a la complexité de la société francaise. Pourquoi? Car, comme trop souvent, on ne prend pas le temps de réfléchir. De poser les bonnes questions. D’analyser toutes les teintes d’un
tableau plutôt que de braquer son regard sur le premier plan. Même problème pour les médias en ligne. L’heure est a la rapidité, aux titres chocs et aux chapeaux accrocheurs qui donnent envie de
cliquer sur l'article. Dans les médias en ligne, le premier des enseignement est celui de limiter la taille de ses articles, afin de ne pas décourager l’internaute pressé. Dans une société où
tout doit aller très vite, on encourage à balancer du flux, du flux et encore du flux. Au détriment de la qualité.
Et vous, que préférez-vous ? Vous amuser avec énormément de choix de moyenne qualité ou alors disposer d’informations de qualité mais moins nombreuses et peut-être aussi plus « austères » ? A vous de voir.
Liens utiles:
Les forçats de l'info (article du Monde)