François Hollande Président.
François Hollande a été élu le 6 mai 2012 président de la République Française avec 51,62% des voix, confirmant ainsi les sondages qui le donnaient favoris depuis plus d'un an.
Cela faisait 24 ans (François Mitterrand en 1988) qu'un socialiste n'était pas élu à l'Elysée.
Une défaite pour Nicolas Sarkozy
Ce résultat est un message fort pour le Président sortant Nicolas Sarkozy (UMP, droite). D'après les observateurs, cette défaite est dûe à la crise qui a balayé la plupart des gouvernements européens, ainsi qu'à la personnalité contestée de l'ex-Président.
Celui-ci devrait désormais s'éclipser de la vie politique pour "retourner vivre parmi les Français"
30% de votes anti-système
La victoire du parti socialiste ne doit pas faire oublier le résultat obtenu par les partis anti-système au
premier tour. Le "Front national", parti d'extrême droite, anti-libérale et anti-européen, présidé par Marine Le Pen a fait un score de 18%. De l'autre côté, le "Front de Gauche" de Jean-Luc
Mélenchon, lui aussi anti-libérale et en partie anti-européen a obtenu 11% des voix.
Les effets de la crise continuent à remodeller les gouvernements européens en faveur des oppositions, et en donnant toujours plus de place aux partis radicaux et anti-système. Le 6 mai, en Grèce, le parti néofasciste Chryssi Avghi (Aube dorée) a obtenu 7% des voix, et entre de cette façon au parlement avec 21 sièges. Il faudra attendre les résultats des prochaines élections en Allemagne, Espagne et Italie pour voir si ces tendances se confirment.
Ces résultats démontrent combien une partie des électeurs Européens ont perdu confiance dans le modèle liberal-democrate occidentale. En 1989, tous étaient disposés à penser que le libéralisme démocrate se serait déployé dans le monde entier après l'effondrement de l'URSS. Aujourd'hui, après 23 ans, on observe que non seulement ce système est contesté de l'intérieur par une partie des électeurs, mais aussi qu'il est challengé de l'extérieur par d'autres systèmes (Chinois et Russe in primis). A' la démocratie, considérée en occident comme l'unique forme de gouvernement capable de produire (dans l'ordre d'importance) paix, liberté, bien-être et ordre, se confronte un autre système, encore indéfini parce qu'immature, qui produit d'abord bien-être, et ensuite ordre et paix. L'émergence (il serait plus juste de dire la ré-émergence) de pays comme la Chine transforme considérablement la Balance of Power mondiale, et ce nouvel équilibre économique légitime toujours plus ces nouveaux systèmes qui sont en train de s'imposer.
Impact sur l'Europe
D'un point de vue macro-économique l'élection de François Hollande ne changera pas grand choses; peut-être à très court terme une peur des marchés sur la capacité du gouvernement socialiste à combler la dette française, et une diminution des investissements étrangers en France
A' moyen terme, l'obstacle politique à éviter pour le PS est une cohabitation avec un premier ministre de droite (cohabitation qui s'est produite sous les deux mandats Mitterrand). D'un point de vue économique, la distance entre les programmes de l'UMP et du PS est minime. Si en plus nous considérons non pas les programmes, les intentions, mais les politiques qui seront effectivement appliqués, c'est-à-dire en prenant compte le contexte (dette publique, Europe etc.), alors la différence entre UMP et PS devient plus symbolique qu'effective.
Sur le long terme, il est beaucoup plus intéressant de recueillir le message des 30% d'électeurs anti-système. Le modèle politique occidental est en pleine crise de légitimité, et il est urgent, si nous croyons vraiment en ce système, de trouver des solutions à la croissance pour le légitimer à nouveau.
* Article publié en tant qu'éditorial dans la revue argentine "Index estadistico"