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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 22:30

mondo cane

 

Mondo Cane est un documentaire de 1962. Il est dirigé par Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi.

 

Film ou documentaire?

L'appellation documentaire est contestée pour ce film. A' juste titre. En effet ce n'est pas un documentaire à proprement parler, mais plutôt ce qu'on appellerait aujourd'hui un film documentaire ou un docu-fiction. C'est-à-dire que sont mélangés dans le film des scènes réelles et des scènes montées. Il n'y a pas un devoir déontologique de montrer les faits exactement comme ils se passent, ni de rigueur scientifique.

D'ailleurs le film ne prétend pas être un documentaire au sens strict du terme. Les premières minutes du film, complètement montée et mise en scène sont là pour le souligner, en particulier la scène de la chasse à l'homme aux USA et dans les îles vierges, elle semble dire: "ce que vous allez voir par la suite n'est pas une tentative de montrer la réalité telle qu'elle est, mais une tentative d'expliquer une réalité que je perçois."

Mondo Cane (Monde de chien), tente de faire un parallèle entre les hommes. Ce film fait des liens entre les italiens et les aborigènes d'Australie, entre les américains et les habitants de la nouvelle guinée, entre les allemands et les pécheurs polynésiens. Des liens culturels, comportementaux, physique, psychique, spirituels.

En outre, comme pour souligner l'aspect filmographique de Mondo Cane, la qualité de la photographie est exceptionnelle, les images sont belles, les plans travaillés, les mises en scènes évocatrice.

 

Un documentaire voyeuriste? 

Ce film ne laisse pas indifférents. En général les avis sont très tranchés sur son sujet. Certains l'acclament comme un film d'une grande poésie et d'une grande puissance évocatrice, d'autres y voient ce qu'il y a de pire dans les documentaires chocs qui ont commencé à devenir populaire à l'époque, le racisme, la complaisance, la supériorité de la civilisation occidentale, le voyeurisme.

On y voit des taureaux se faire égorger dans le cadre de sacrifices, des requins se faire empoisonner gratuitement par les hommes à coup d'oursin, des hommes malades en train de mourir, des hommes se lacérer, s'automutiler etc. Certes chacun peut se sentir mal à l'aise face à ces images, mais comment peut-on décrire le monde qui nous entoure en le bâillonnant? En censurant les aspects les plus crus? Comment faire comprendre la barbarie que peut être un sacrifice animal si l'on ne voit pas l'animal se vidant de son sang la gorge trancher? Comment peut-on donner un avis sur des traditions culturelles sans en voir les aspects les plus violents? Comment juger sans voir?

Jacopetti prend donc le parti de montrer les excès des Hommes dans leurs intégralités. Seulement ainsi nous pouvons comprendre le message qu'il veux nous envoyer, et la réalité qu'il veut nous montrer, celle la plus sombre de l'humanité.

 

Un documentaire raciste?

En ce qui me concerne, j'ai regardé le film sans lire les critiques au préalable, et j'ai vraiment été étonné par la suite de voir les critiques récurrentes concernant le sois disant racisme du film.

Certes, certaines expressions ne sont aujourd'hui plus utilisées, mais il faut garder à l'esprit que le film a été tourné en 1962 à l'époque ou l'Angleterre et la France avaient encore des colonies. Le langage ne peut donc pas être mis en cause, même si parfois il peut sembler très limites pour nos oreilles de jeunes gens du XXI siècles.

Ensuite, en ce qui concerne les critiques de Jacopetti sur les sociétés dites "primitives", je ne vois pas en quoi elles sont plus racistes que les critiques du même Jacopetti envers les sociétés américaines ou européennes. Par ailleurs, une des scènes du film les plus dérangeantes  concerne une tradition italienne.

Non, ce film documentaire n'est pas raciste. Ce qui peut choquer, c'est la différence d'approche avec les documentaires que nous voyons aujourd'hui, où la société occidentale est toujours perçue comme une société hypertrophié et malade alors que à travers les sociétés tribales les documentaires politiquement corrects nous vendent en quelque sorte le mythe de la société primitive, originale et pure, et qui est souvent à l'agonie et contaminé par la société de ceux qui sont en face de leurs téléviseurs. Une vision parfaite pour nous les riches en mal d'écologie et fana de Arte (tiens, c'est moi). Mais la réalité est bien plus complexe, et le plus grand mérite de Jacopetti est de dénoncer nos mauvais penchants autant que ceux des peuples primitifs. En ce sens, et pour la première fois dans ce film, les hommes sont traités à la même enseigne, tous égaux. Tous des chiens, mais tous égaux.

Cette performance vaut à elle seule de regarder le film.

 

Film disponible en plusieurs partie sur youtube (Sous titre Anglais):


 
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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 16:40

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Part I - Istanbul

Part II - Cappadoce

Part III - Kurdistan

Part IV - Côte méditerranéenne

Part V - Mer Égée

 

Le Kurdistan est une zone peu développée économiquement, le tourisme y est quasi inexistant et par ailleurs fortement déconseillers par tous les organismes de voyage. C'est peut être la raison de l'accueil extrêmement chaleureux de la population envers l'étranger. Le Kurdistan est  une zone à risque, certes, mais surtout pour les Kurdes, les Turcs et les Arabes. Le touriste de sexe masculin ne coure absolument aucun danger. Par contre les habitants de SanliUrfa se souviennent tous de certains faits divers assez terribles concernant des étrangères, mais ce sont des cas isolés. En ce qui me concerne je ne conseillerai pas à une femme de voyager dans cette partie assez ortodoxe de la Turquie seule. C'est possible, mais c'est tenter le diable. Pour certains habitants de SanliUrfa voire une femme non couverte dans la rue provoque la même réaction que peut avoir un français de la campagne profonde face à un spring break américain... Il faut le comprendre, l'accepter car nous ne sommes pas chez nous, et se comporter en conséquence.

De ce que j'ai pu voir du Kurdistan, on peut effectivement être "séquestré" pour un repas gratuit, avec les amis des amis ou la famille, ou bien encore être invité pour une nuit hébergé dans une famille rencontré sur le marché, mais rien de plus "grave". Vous l'aurez compris, le Kurdistan est une région beaucoup plus conservatrice que l'Ouest de la Turquie. Mieux vaut faire une croix sur les soirées festives autour de l'alcool, les seules endroits où l'on trouve ce genre de distraction sont des lieux réservées à l'élite ou au contraire des endroits clandestins sordide assimilable à des salles de shoot. Si vous demandez une bière, on vous regardera comme si vous étiez le dernier des toxicos. Par contre j'ai cru comprendre entre les lignes que la tolérance est beaucoup plus élevés en ce qui concerne tout ce qui se fume. Au delà de l'aspect sociétal, le Kurdistan offre aux voyageurs de nombreuses occasions de se réjouir:

Sanli Urfa (aka Uhrai, aka Edessa, aka Urfa) à 50 km de la frontière Syrienne, est une ville dont l'histoire se perd dans les temps Bibliques. Littéralement. Je n'imaginais pas, en allant vers l'Est, traverser l'Euphrate et arriver en mésopotamie, le centre du monde des premières civilisations. Sanli Urfa est la ville où selon la tradition musulmane serait né Abraham et où se trouve la tombe de sa femme Sara. C'est donc une ville sainte, la ville des prophètes, objet de très nombreux pèlerinages. Le bazar de Urfa est magique. Contrairement à celui de Istanbul qui est surtout un lieu de commerce, le Bazar de Urfa est un lieu de création, on peut y voir les forgerons forger dans leur atelier, les "canuts" kurde vendre leur étoffes avec derrière eux des tas de laine qui attendent d'être transformé, c'est un lieu d'artisanat avant tout.

De Urfa j'avais l'intention de rejoindre Alep en Syrie, en passant par le petit poste de frontière de Akçakale qui est soit disant plus conciliant pour les voyageurs sans visa. Malheureusement, on ne m'a pas laissé entrer... Traverser une frontière ne s'improvise pas: demander le Visa avant de partir. Si vraiment vous avez été pris au dépourvu comme moi, essayez de passer à Kilis ou à Antakia, ce sont des frontières beaucoup plus fréquentés alors que Akcakale est une frontière exclusivement commerciale, il n'y a que des camions.

Cette première deception m'a permis de mieux découvrir le kurdistan: j'ai profité du temps libre qui se profilait devant moi pour remonter au nord vers Diyarbakir et Kahta pour voir le Nemrut dagi. Au début dubitatif sur la qualité de ce site historique, je suis finalement resté médusé par tant de beauté: c'est à mon avis l'un des 5 sites majeurs de la Turquie. C'est une montagne étrange de 2200m d'altitude, étrange de par son sommet qui se repère de loin car parfaitement conique, et pour cause, c'est en réalité un tumulus de 50m de haut, la tombe de Antiochios Ier, roi de Comagène (Ier siècle avant JC). Au sommet, des statues colossales de 8 à 9m de haut, ainsi qu'une vue à 360° sur la vallé de l'Euphrate.

 

 

  Colonne sonore "auto-produite"

 

Je suis ensuite partie pour la côte méditerranée: Kahta-Alanya, 17 heures de bus... Le trajet le plus usant de tout le voyage.


Hotel: Lizbon Ostel, chez Aziz et Ferida (famille Kurde qui loue des chambres chez eux) 25YTL/ 12 Euro pou rl anuit, le petit dej et le repas du soir.

Harran: Pour aller à Harran, éviter les tours que les gens vont vous proposer dans la rue. prenez un Dolmus (minibus) à la gare et avec 2,5 euro et une grosse demi heure vous etes arrivé.

Nemrut Dagi: pour y arriver, c'est compliqué. L'idéal est de partir de Kahta avec un tours "organisé" en Dolmus. La route est longue (2h) et extrêmement dangereuse (je pèse mes mots). A' cause de ça les prix sont assez cher, mais ça vaut le coup.

 

 

Photo:

  • SanliUrfa - la citadelle
  • SanliUrfa de la Citadelle
  • Harran, archeologiquement, c'est la ville la plus antique du monde, c'est selon la tradition biblique la ville de Ur, où Adam et Eve arrivèrent après avoir été expulsés du paradis. C'est aussi la ville où fut tué Caracalla. Il ne reste aujourd'hui plus grand chose de cette époque Biblique. Dans la photo, les habitations en forme de cône.
  • Nemrut Dagi, un site impressionant, la tombe du Roi de Comagène Antioche I (I sècle Av J.C.) construite sur le sommet d'une montagne, avec une vue surprenante sur l’Eufrate et la mesopotamie

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 16:13

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Part I - Istanbul

Part II - Cappadoce

Part III - Kurdistan

Part IV - Côte méditerranéenne

Part V - Mer Égée

 

La cappadoce est, de tous les lieux que j'ai vu, sûrement la région la plus étrange d'un point de vue géologique. On peut y voir des forêts de champignons géants en pierre (ou phallus, selon l'humeur), et des étendues interminables de formations rocheuses qui ressemblent à des coulées de crème glacée. Si il y a un lieu sur terre où habitent tous les personnages des contes de notre enfance, c'est bien ici. Je suis convaincu qu'en cherchant bien, on peut trouver la maison en pain d'épice de Hansel et Grettel, quand au village des Schtroumpfs, c'est probablement Gorëme.

La Cappadoce se trouve en plein centre de la Turquie, au sud de Ankara. C'est une terre qui a été longtemps chrétienne, avant de devenir musulmane. En effet dès 48 ap. J.-C., le christianisme apparaît et se développe en Cappadoce. A' partir du VII siècle et ce jusqu'au IX siècle, les chrétiens seront persécutés par les arabes venant de Syrie. Pour fuir les persécutions, ils développent des réseaux de villes souterraines. Ces villes étaient tellement bien conçues (cuisines avec possibilité de faire du feu, étables pour les animaux, système de ventilation etc...) que les habitants pouvaient s'y réfugier pendant près de 2 mois sans avoir besoin d'en sortir. Il existait plus de 200 sites de ce type, et certaines de ces villes comptent 9 étages sous-terrains (Kaymakli, Derinkuyu)! Vers le XI siècle ce sont ensuite développés les habitations et église troglodytes. Pendant des siècles, les habitants ont vécu dans ces maisons creusé dans le tuf, une roche friable. On peut en voir beaucoup aujourd'hui, dont certaines sont encore habités.

De la Cappadoce je garde en particulier un souvenir, celui de la marche de 4h de Gorëme à Uchisar. Par la route on y est en 40 minutes à pieds, mais il y a un petit chemin derrière la colline de Göreme (photo 1) , qui traverse la vallée de l'amour (photo 2), passe à coté des champs où les paysans vous indiquent volontiers votre chemin, traverse une profonde vallée où l'on peut trouver des églises peintes et des maisons troglodytes vierge de tourisme. Pendant ces 4h de marche, on peut voir au loin de château de Uchisar (photo 3), majestueux, fabuleux. Enfin, juste avant l'arrivée à la ville, la  vallée des pigeons. 4h d'émerveillement, de pure bonheur. Cette balade en dehors du temps et du monde vaut à elle seule le voyage en Turquie.

 

A Gorëme se termine l'itinéraire que j'avais plus ou moins élaboré avant de partir. De la Cappadoce, deux solutions: aller vers la côte méditerranée et ses plages bruyantes; ou bien vers l'Est, le Kurdistan Turc, région très peu connue, peu fréquentée par les touristes, pauvres, et qui clairement déconseillée par les institutions turcs et les différents guides de voyages.

Heureusement, je n'ai pas trop prêté attention à ces avertissements et je suis partie pour le Kurdistan, direction  Sanli Urfa, la ville des prophètes. Encore 15 heures de bus, mais ça en vaudra la peine.

Photo: 

  • La ville de Göreme est spectaculaire, presque entièrement creusé dans le tuf. Malheureusement, aujourd'hui ce petit village est entièrement dédié aux touristes. Mais il reste exceptionnel.
  • Photo prise lors de la promenade à travers la vallée de l'amour
  • Le château de Uchisar, creusé dans la roche, fait penser à un paysage Biblique
  • La vallée de Ilhara, à 100 km au sud de Göreme

 

Auberge: Anatolia Cave Pansyon (15 YTL/ 7 Euro)

Pour aller à la vallée de Ilhara (100km) mieux vaut trouver d'autres personnes et y aller en groupe, en louant une voiture (70 YTL/ 30 Eur)

Göreme vue d'en haut (+ effet tilt shift)

Göreme vue d'en haut (+ effet tilt shift)

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 20:40

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  • 24 jours
  • 4 500 km de route
  • 80 heures de bus
  • 7 destinations

24 jours. Je pensais que c'était suffisant pour découvrir la Turquie, et pouvoir à la fin du voyage avoir une idée sur ce pays. Je me trompais. On me l'a fait remarquer -à raison - lors du 23ème jour. Je discutais avec un gars sur mes impressions de voyages toutes fraîches, en lui faisant part de mes conclusions forcément hâtives, il m'a répondu: "tu es comme tous les touristes, tu voyages avec un sac à dos pendant un mois et sous prétexte de voyager tu crois avoir tout vu. Mais ça ne suffit pas pour connaître la Turquie et les Turcs."

Il avait évidemment raison. Aujourd'hui encore je ne sais rien de la Turquie ni des Turcs. 24 jours sont à peine suffisants pour visiter un quart des principaux sites du pays, alors pour le connaître...

Peut-être ai-je à peine une idée du cadre, mais de la peinture je ne sais rien.

Toutefois, je peux essayer de m'avancer en disant qu’au centre de cette peinture figure un portrait de Mustafa Kemal (Atatürk), père de la nation laïc que nous connaissons aujourd'hui, omniprésent dans chaque maison, échoppe, auberge, et dont l'influence a été fondamentale. Personnage qui jouit encore aujourd'hui d'un culte de la personnalité à rendre jaloux nos dictateurs européens d'antan, oubliés et justement dénigrés. Un exemple : parler mal de Atatürk est un délit qui mène droit en prison.

Cette peinture est probablement divisée en deux parties bien distinctes : Ouest (Turc, riche et moderne), et Est (Kurde, Arabe, pauvre et politiquement instable). Divisée entre un progressisme exaspéré (chez certains jeunes dans les métropoles de l'Ouest) et un bigotisme fanatique (dans certaines zones de l'Est).

Mais vu que de la peinture je ne saurais dire plus, parlons du cadre, qui par ailleurs est magnifique.

Part I - Istanbul

Part II - Cappadoce

Part III - Kurdistan

Part IV - Côte méditerranéenne

Part V - Mer Égée

 

Istanbul

Istanbul est - à défaut d'être la capitale de la Turquie - indiscutablement une des capitales du monde. 12 millions d'habitants intra-muros (c'est le troisième centre municipal du monde après Mumbai et Shanghai), 2500 ans d'histoire, influences européennes, moyen-orientales, africaines, asiatiques. Il y a trop de choses à voir à Istanbul pour pouvoir en dire quoi que ce soit dans un article. Je vais donc glisser sur les visites des sites touristiques et parler des sensations. Car dans un voyage, il est certes important de voir le plus de choses possible, mais il est aussi fondamental d'essayer de capturer l'essence d'un lieu, les sentiments que la ville dégage.

 

Dès le début, l'objectif du voyage en Turquie était clairement Istanbul. Pas pour les 2 500 ans d'histoire, pas pour les influences Greco romaines ni pour celles romano byzantine. Pas pour l'Hagia Sophia (Sainte Sophie), la mosquée bleue ou le pont de Galata. Pas pour Sultanahmet, Beyoglu, Fatih ou Besiktas. À vrai dire, je n'avais aucune idée de tout ça avant de partir. Je voulais aller à Istanbul parce que j'étais attiré par l'atmosphère autour de cette ville, pour les émotions que suscitent des noms comme Byzance, Constantinople, ou Istanbul dans la culture populaire, pour cette aura que seules quelques villes au monde possèdent. C'est subjectif, mais j'ai l'impression que cet avis est partagé par tous. Que ce soit dans les livres d'histoires ou dans les contes pour enfants, Istanbul à toujours représenté pour moi la porte d'entrée vers l'autre monde, celui que nous ne connaissons pas, celui qui suscitait les récits et les mythes les plus extravagants et fantaisistes. Istanbul avait, dans la tête de l'écolier que j'étais, quelques choses de magique.

De ce côté-là, je n'ai pas été déçu. Istanbul est réellement magique. Imaginez une ville colossale, qui s'étend sur la pointe orientale de l'Europe, avec en face, à quelques centaines de mètres : l'Asie, majestueuse, avec toutes ses merveilles, ses peuples, ses religions. Istanbul se devait, de par sa position géographique, d'être magnifique. Imaginez des mosquées, des églises, des églises transformées en mosquées, puis en églises, puis en mosquées. Imaginez des Stambouliote aux yeux bleus et à la chevelure dorée, d'autres au teint brun et aux yeux noirs. Imaginez des femmes voilées, discutant au Fast Food avec des camarades en jupes. Imaginez une ville vivante, en perpétuelle évolution, vibrante et pétillante comme aucune ville en Europe, sauf Berlin la martyrisée.

Chaque civilisation a laissé à Istanbul une strate culturelle, ce sont ces vestiges immatériels et intemporels, ancrés à jamais dans la ville, qui donnent aujourd'hui aux voyageurs que nous sommes une ville qui respire l'Histoire, la culture, la vie.

 

Ces trois jours ont été intenses, aussi bien de par les visites aux monuments que socialement, mais il est temps d'aller vers la prochaine étape: Gorëme, kapadokia. 12 heures de bus (mieux vaut voyager la nuit, ça fait économiser une nuit d'hôtel et le temps passe plus vite sur la route!)

 Video: photos du voyage et BO auto produite!

 

 

Photos:

  • - Le pont de Galata avec ses pêcheurs et les bars au niveau inférieur
  • - Hagia Sophia (Sainte Sophie)
  • - La Mosquée bleue (Sultanahmet Camii)

  Auberge: World House Hostel


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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 11:06

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Avec le Chemin, le "voyage" retrouve son sens originel. Le voyage, terme que l'on emploie encore aujourd'hui abusivement pour décrire un aller-retour en avion, train ou voiture agrémenté d'une semaine de plage ("je part en voyage"), était alors à l'opposé de la conception actuelle. Aujourd'hui c'est la destination qui fait le voyage, avant c'était le déplacement, le mouvement qui représentait la plus grosse part de l'aventure. Il s'agissait souvent de plusieurs jours/semaines de déplacements pour un court séjour à destination. La substance du voyage se trouvait donc dans le voyage et non dans la destination. Ce mouvement, cette démarche volontaire de quitter son foyer, était synonyme de périple, d'incertitude, de danger, mais aussi de rencontres et d'aventures. On ne se déplaçait alors que par nécessité. Avec le chemin de Compostelle on replonge dans le passé, dans cette notion antique du temps et du mouvement. C'est une expérience difficile, et tellement simple en même temps: il s'agit d'aller d'un point A à un point B. Sans raccourci, sans moyen de locomotion, sans confort. Sans billet de train à acheter, sans retard, sans files d'attente, sans valises perdues, sans plein d'essence, sans autoroutes. L'homme reprend possession de son moyen principal de locomotion, son corps. Il marche sur la planète, ronde, perdu au milieu du "tout".

3-4 jours sur le chemin suffisent pour s'exclure complètement de la société civile, pour éradiquer toutes traces de bagage culturel que j'ai pu accumuler en presque 30 ans de vie. C'est fou. Seuls 3 jours de marche pour effacer 30 années d'enseignements religieux, moraux, sociaux et sociétaux. L'âme se retrouve dans une espèce de jungle anarchique où rien n'a plus de sens, à part la qualité des chaussures que j'ai aux pieds, la nourriture, la chaleur humaine, la foi, et surtout, la destination: Santiago. Dans la tête tout est détruit, ou plutôt dé-construit. On ne comprend plus rien, on est perdu. Je laisse toutes les certitudes à la maison pour être ballotté dans un tourbillon de pensées chaotiques. Santiago semble si loin, à des années-lumière. Pendant pratiquement tout le voyage l'exploit semblera impossible. Il m'est inconcevable de marcher 800km à pied quand après seulement 60 km je me sens exténué, que mes pieds lacérés saignent, que mes épaules souffrent. Et puis je réalise que le départ date de seulement 3 jours alors que j'ai l'impression d'avoir quitté le monde il y a 6 mois. C'est effrayant la capacité qu'a l'Homme à sortir du monde. Je commence à cet instant à réaliser qu'à la fin du voyage (si j'y arrive), quelque chose aura changé, rien ne sera plus comme avant. Forcément.

Durant ces premiers jours je découvre les douleurs physiques, les premières joies, vouloir du bien aux gens, fêter autour de litres de vin et avec les autres pèlerins chaque journée passée ensemble et chaque kilomètre avalé qui nous rapprochent du but. 

Puis viens la phase de souffrance psychologique et morale. En ce qui me concerne c'est arrivé au 4ème jour, et cela a duré 2-3 jours: Le doute. 800 km, la tâche semble insurmontable. Des kilométres de paysages à digerer, des centaines de pensées qui viennent nous hanter, des dizaines de gens qui se sont livrés et dont je porte le fardeau. Je commence à oublier le pourquoi du pèlerinage, je commence même à douter de l'existence de Dieu, et le doute est la chose la plus dangereuse que l'on puisse rencontrer sur le chemin, c'est l'ennemi de l'Homme. Si on ne le combat pas, on rentre à la maison. Dans cette période, la dé-construction de l'esprit laisse un vide que la foi gangrenée par le doute ne peut plus remplir. Jusqu'à ce que la foi reprenne le dessus. Pendant ces quelques jours; j'ai su ce qu'était le nihilisme. Sans plus aucune règle sociale, sans plus aucune règle morale, sans foi. C'est terrifiant, rien de tout ce qui nous entoure n'a plus de sens. C'est l'anarchie dans sa version la plus extrême. Ce combat contre le doute je l'ai gagné grâce à une rencontre providentielle, à des paroles qui prononcées par quelqu'un d'autre ou à un autre moment n'auraient pas eu de sens, mais c'était exactement celles que je voulais entendre à cet instant.

 

 

 

C'est à partir de ce moment que commence la période la plus belle du pèlerinage, celle de la béatitude. Chaque chose vue nous rappelle l'existence de Dieu. Difficile à expliquer avec des mots, disons que la sensation est de réussir à voir le monde tel qu'il est, alors qu'avant on ne faisait que le percevoir. Avant on voyait un champ de blé baigné par le soleil et on disait "tiens! c'est beau!", on percevait la beauté. Maintenant, ce même champ de blé devient le spectacle le plus éblouissant et vivant jamais vu, et surtout, la beauté n'est pas seulement aperçue, mais vécue. La beauté est nourrissante. C'est une sensation physique qui transperce, il est alors possible de toucher cette beauté. J'ai beaucoup réfléchi sur ce qui c'est passé pendant ces jours, et je crois pouvoir dire (peut-être je me trompe) qu'alors, pendant quelques instants, j'étais conscient de la réalité environnante. J'étais capable de voir les choses pour ce qu'elles sont vraiment, et de leurs donner la juste importance. Cette sensation pendant quelques fragments de secondes de toucher le ciel avec un doigt, d'avoir le Savoir. Mais pas le "savoir" entendu comme science, le savoir comme "connaissance", savoir regarder, être conscient, être omni-conscient. J'ai l'impression que l'Homme n'a jamais mangé la Pomme. C'est la révélation.

Cette phase de béatitude est aussi la phase de la révolte, non pas dans le sens violent du terme, mais dans le sens positif, celui de Camus dans "l'Homme révolté". Le processus est exactement celui décrit par l'auteur: une prise de conscience qui induit à une révolte (positive) contre ce qui nous entoure. Un refus de ce que nous considérons désormais intolérable. Le long du camino frances, parmi les milliers de graffiti encourageant les pèlerins, il y en a un qui m'a particulièrement interpellé: Peregrinos Revolución. C'est dans ce murales que se trouve l'essence même du pèlerinage, la révolte contre une société, un monde, qui en plus d'avoir perdu tout repère, ne laisse plus d'espace à l'esprit, aux choses spirituelles (entendues dans le sens large, et pas forcément ni exclusivement religieuses), une société qui se dit humaniste mais qui pousse l'Homme en dehors de la scène. Qu'y a-t-il de plus révolutionnaire que de voir des centaines de personnes marcher, pendant des semaines, en traversant montagnes et plateaux interminables lavés par le soleil, tout ça dans un but spirituel, sans aucune contrepartie économique ou sociale, sans aucun but rationnel? Les trois-quarts des pèlerins ne sont pas croyants, mais tous ont la même démarche: prendre un peu de temps à consacrer à l'esprit, à l'Homme, à l'Humanité. Avec le Chemin, l'Homme retrouve sa place dans la société qu'il a construite, il revient au centre.

 

En 30 jours, je suis arrivé à Saint-Jacques-de-Compostelle. L'arrivée, au lieu d'être le point culminant du voyage, a été un choc brutal, un retour violent à notre société qui à l'Homme préfère des matières froides et mortes. Lorsque après 4 semaines de marche, de béatitude et de communion je vois les pèlerins embrasser la statue de l'apôtre, lorsque je vois tous les "marchands du temple", je suis effaré. N'y a-t-il donc rien qui puisse sauver l'humanité? L'Homme trouve toujours le moyen de se mutiler, même à travers la religion. Déçu, j'ai continué ma route sur le Caminho Português, direction Porto. Juste ce qu'il me fallait pour digérer tranquillement et à mon rythme cette expérience.

 

Aujourd'hui, après un an, il ne me reste pratiquement rien des émotions, des sensations de ce voyage, de la prise de conscience qui m'avait bouleversé à l'époque. Impossible de retrouver ces instants. Mais "pratiquement rien" n'est pas rien. Je le porterai avec moi partout, toujours. Et peut-être qu'un jour l'Homme révolté, le pèlerin qui est en moi, qui est en nous tous, se réveillera à nouveau.

   


Photos 1: les Pyrénées

Photos 2 (de G à D): les Pyrénées, la cordillère Cantabrique, la Meseta

Video: Mes videos et photos du Chemin, agrémenté d'une petite composition (soyez indulgent...)

 

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Quelques infos pratique pour ceux qui voudraient se lancer sur le chemin de Saint Jacques:
 
- De Saint-Jean Pied-de-Port (FR) à Santiago de Compostella (ES), c'est le Camino Francès, le plus connu: 760 km. Plus ou moins 35 jours en marchant tranquillement.
- Sur le Camino Francès il n'y a absolument aucun problème pour dormir. Il y a beaucoup d'auberge de pèlerins (dortoir + douche) de 0 Euro (donativo) à 6 euro maxi.
- Pour bénéficier des auberges il faut avoir une Credential, vous pouvez la demander à Saint Jean ou dans n'importe quelle ville. Elle coûte 2 Euros.
- Beaucoup de gens font le chemin en plusieurs fois. Si vous tenez à avoir la Compostella à l'arrivée il faut tout de même faire les 100 derniers km (les plus encombrés) à pieds. Pour avoir fait depuis une partie du chemin en couple, je vous conseil dans la mesure du possible de partir seul, de marcher seul (les rencontres se font à l'arrivé dans chaque village) et pour la totalité du chemin.
- Certains font le chemin en vélo. Je le déconseille, car on passe ainsi à coté du principal. C'est transformer cette opportunité spirituelle en une aventure exclusivement sportive, et, en tant que cycliste, vous ne serez pas prioritaire dans les auberges
- Le “Camino Frances” est composé à 80% de chemins en terre et de sentiers: l'idéal pour marcher avec plaisir. Attention à certains passages goudronnés qui longent les routes, ils sont dangereux, fatiguants et stressants. Impossible de se perdre sur le Camino frances, le Chemin est extrêmement bien et abondamment balisé (ce qui n'est pas le cas du caminho portugues).
- La mochila, le sac à dos, est fondamental: en aucun cas il ne dois peser plus de 12 kg pour un homme!
- Déroulement de la journée type: lever entre 5-6h, marche jusqu'a 14-15h (on marche beaucoup mieux le matin, c'est impressionnant). puis on lave le linge pour le lendemain et ensuite c'est après-midi au bar du village. On picole sec (le vin étant très calorique ça donne aussi des forces) et pas toujours avec modération, mais les après-midi sont très sympa! vers 21h 22h tout le monde se couche. Pas de panique, en 2 jours on prend le rythme naturellement.
- On peut faire le chemin à n'importe quel age. J'ai vu des enfants de 8-10 ans, et des personnes de 75 ans (un qui était partit depuis 6 mois des Pays bas, l'autre de l'Allemagne). Tout le monde peut le faire, mais il ne faut pas le prendre à la légère, les autels dédiés aux pèlerins morts sur le chemins nous rappellent que le périple peut être dangereux et très épuisant à la longue.Il faut aller à son rythme.
- On traverse deux chaînes de montagnes (les Pyrénées et la Cordillère Cantabrique) et un vaste plateau, la Meseta
- Il y a plusieurs chemins, le camino Frances, camino Portugues, camino del norte etc... Pour continuer jusqu'à Porto il faut prendre le Caminho Portugues à l'envers, c'est 250 km de plus, dans des conditions très difficiles (route goudronné très fréquenté par les camions, chemin mal indiqué car pris à l'envers et peu fréquenté) surtout dans la partie espagnole.
- Socialement, le chemin est très intéressant. Toutes classes confondues (presque), toutes croyances confondues, et tout ce petit monde qui s'entend à merveille.

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 00:00

 

 

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Le pays du matin calme. C'est comme ça que l'on appelle la Corée du Sud. En ce qui me concerne, je donnerai volontiers ce surnom à Shanghai: la ville du matin calme.

Le matin, Shanghai est différente. Les expats rentrent exténuer de leur soirée au Bar Rouge, Barbarossa, Window's ou autre clubs. Probablement les seuls endroits où ils peuvent oublier qu’ils sont à des milliers de km de chez eux, le temps d’une soirée. Shanghai à 5h du matin, c'est un spectacle inouï: la plupart des 18 millions d'habitant sont encore doucement en train de se réveiller, les voitures ne circulent pas et sont parquées dans les rues. Seul quelques Taxi à la recherche d’un dernier client pour completer la nuit de travail sont encore en vadrouille, ou bien commencent-ils leur journée. Les dernières prostituées sont déjà rentrées chez elles, ou à l'hôtel. Les vieux ne sont pas encore descendus en bas de leurs immeubles pour se réveiller au rythme lent du Tai Chi. Il fait encore trop frais pour réchauffer les muscles sur les machines à courses dans les parcs publics. La ville est complètement déserte.Il n'y a personne. Shanghai, le matin, nous appartient.


taxi

Alors que le chauffeur de Taxi  encore somnolant me ramène chez moi, je vois défiler les gratte-ciels sur le périphérique, avec une cadence lente et qui semble ne jamais se terminer. La forêt ne s'arrête jamais. Une forêt d’immeubles, par instant plus épaisse, par instant un peu défraichie, mais toujours bien consistante et vigoureuse. Une forêt bleue. Oui, bleue, car Shanghai, à 5h du matin, juste avant l'instant où le soleil étire ses rayons, juste avant qu'il ne se lève sur l'horizon, à cet instant Shanghai est inexplicablement bleu. Bleu acier, bleu nuages, bleuté, bleu gris, puis bleu mauve.

 

 

flat-morning

 

 

 

A' Shanghai, le matin est le seul moment ou l'être Humain reprend son espace, sa dimension, dans une ville qu'il a construite trop grande pour lui.

 

06/2006

 

 

Une petite video de mon voyage en Chine ayant quitté Shanghai. Musique original.

 


 

 


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