Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats européens ont perdu peu à peu de leur influence. Une décadence politique mais surtout, et avant tout, économique. Dans un monde qui a pris comme étendards la monnaie et le billet, et qui a relégué au second plan l’Art ou la religion comme instruments et symboles de pouvoir, le Vieux Continent est de plus en plus isolé. Ou plutôt, ce sont les pays qui forment l’Europe qui perdent de leur puissance. Jadis première puissance économique du monde, la France, avec une croissance annuelle du PIB qui ne dépasse guère 2% (quand la conjoncture est favorable) n’a plus vraiment sa place sur la scène internationale. L’Italie non plus. L’Espagne encore moins. L’Allemagne et l’Angleterre, qui parviennent à surprendre avec des taux de croissance qui dépassent parfois les 3%, tirent encore tant bien que mal leur épargne du jeu. Mais face aux chiffres de la Chine (presque 8% au l’an dernier) ou encore de l’Inde, les inquiétudes sont réelles. Les Etats-Unis, en dehors de leur récession en 2009 due à la crise des 'subrimes', tiennent toujours un rôle clé dans l’économie mondiale, et malgré la concurrence de plus en plus forte des pays émergents depuis les années 2000, ils disposent d’un système économique suffisamment souple pour leur permettre de rebondir. En dépit d'une reprise économique qui montre des signes d'essoufflements dans le monde, le PIB américain devrait croître de 3% cette année, contre 1% en France (et 0,1% au premier trimestre).
L'Union fait la force
Or, ce qui est intéressant de constater, c’est que l’Union européenne, mélange de 27 nations aux langues et aux cultures différentes, voire antagonistes, est, sur un plan économique stricto sensu, plus puissante que les Etats-Unis. En 2009, avec 28,19% du PIB mondial, l’économie de l’UE était la première du monde. Ce système qui réunit donc 27 états que tout oppose a donc une légitimité sur la scène internationale. Mais finalement, elle n’a que cela. Seules, les nations qui composent l’UE ont compris qu’elles avaient besoin de se réunir pour disposer d’un poids plus important. Les pays occidentaux (France, Allemagne, Italie, Espagne), ont saisi que l’élargissement aux pays appartenant à l’ancien bloc communiste était nécessaire afin de contribuer au développement de l’économie. Premier avantage : à l’est, la main-d’œuvre y est peu chère et les taxes sont suffisamment basses pour y justifier les délocalisations. Un transfert de compétences, de matériel et d’individus est a ainsi lieu dans les nations occidentales. Mais ce transfert est plus intéressant que s’il avait lieu, par exemple, en Inde ou en Chine, car d’un point de vue économique, il contribue à créer de la richesse au sein de l’UE.
L'Europe économique est donc réelle. Mais qu'en est-il de l’Europe identitaire ? Ce n'est, à mes yeux, qu'un mirage lointain. Quel européen pourrait dessiner sur une feuille de papier les contours, même approximatifs, de l’Europe des 27 ? La plupart d’entre nous savent dessiner le Japon, les Etats-Unis ou l’Australie, mais jusqu’où s’étend l’Europe à l’Est ? L’Union européenne n’est pas un désir d’union des peuples, en tout cas pas directement. Son but premier, c’est de permettre aux pays qui la composent de conserver une place sur la scène internationale, dans un monde de plus en plus globalisé ou les «grandes » ne font qu’une bouchée des « petites » nations. Un sondage (consultable ici) réalisé en 2009 par TNS Opinion pour le compte de la Commission européenne révèle que 56% des Européens considèrent que dans la globalisation, le fait pour leur pays d'appartenir à l'UE est une chance. 17% y voient au contraire une menace. L'Europe, sur un plan idéologique, culturel, et religieux, n'est qu'une chimère.
Alors que plusieurs Etats ont demandé à ce que le traité constitutionnel mentionne les "racines chrétiennes" de l'Europe, la France, par la voix notamment de son ancien président Valéry Giscard d'Estaing, s'y est fermement opposée. Pourtant, au sein d'une union qui réunit 27 pays aux langues et cultures différentes, la religion chrétienne est bien le SEUL socle qui les unit les uns aux autres. Qu'est ce qui rapproche un Français d'un Italien, d'un Espagnol, d'un Polonais, d'un Allemand ou d'un Grec? Un "projet européen"? Basé sur quoi, sur l'économie, sur l'argent? Visiblement oui. Sur la paix? Peut-être. Mais la paix devient un concept abstrait quand il est acquis (il est difficile d'imaginer une guerre entre pays européens tant leurs besoins économiques sont désormais liés les uns aux autres). L'Union Européenne me paraît ainsi avant tout un concept ECONOMIQUE, en aucun cas IDEOLOGIQUE. Or il faut donner au peuple son opium afin de détourner son attention de son but premier : créer de la richesse et de la croissance. Sans cet opium, qui donne un sentiment d'appartenance atour d'un but commun, difficile d'adhérer à quoi que ce soit.