En général, c'est à la suite des élections (personne ne parle jamais de ça avant), qu'on entend parler de la dette publique et du déficit, souvent pour critiquer les comptes désastreux laissés par le gouvernement précédent. A part certains hommes politiques, personne ne s'y intéresse sérieusement. La crise Grecque nous a donné un sérieux coup de bâton, en nous rappelons que la dette et le déficit ne sont pas que des chiffres abstrait avec pleins de 0.
Rappelons d'abord les notions principales: il faut distinguer la dette du déficit. La dette publique c'est l'ensemble des emprunts accumulés au long des années par l'état, les entreprises publiques, les collectivités territoriales, les organismes de sécurité sociale,etc. Le déficit public, au contraire, c'est le solde budgétaire de l'état à la fin de l'année. On parle de déficit lorsque les dépenses publiques sont supérieures aux recettes publiques, mais le solde peut aussi être positif, dans ce cas on parle d'excédent budgétaire. Pour reprendre un exemple connu, si l'eau dans la baignoire représente la dette, le robinet qui coule représente le déficit public, et l'ouverture du bouchon représente l'excèdent budgétaire (et donc la diminution de la dette).
La plupart des gouvernements donnent plus d'importance au déficit qu'à la dette, car le déficit est le résultat à court terme de leur action, alors que la dette est le résultat de tous les déficits des précédents gouvernements. Le déficit est aussi un bon indicateur de la capacité de gestion d'un gouvernement. En l'occurrence, ce qui provoque des préoccupations en Grèce (à part la tricherie sur les données) ce n'est pas tant l'ampleur de la dette -qui est certes énorme- que l'ampleur du déficit. En effet, le Japon et l'Italie ont par exemple à une dette de 192% et 115% par rapport à leurs PIB! Alors que la Grèce n'a une dette "que" de 113%. La différence est que le Japon a un déficit de 8% (et une structure économique particulière avec beaucoup d'épargnants) l'Italie un déficit de 3 à 4 %, et la Grèce un déficit de 12,7%. L'ampleur de la dette reste quand même une donnée fondamentale car pour beaucoup de pays, les intérêts à payer sur cette dette sont la principales causes du déficit publique. Autrement dit, sans les intérêts a payer sur la dette accumulée, certains États auraient un excèdent budgétaire, ou plus probablement, ces états pourraient mettre plus d'argent dans les dépenses publiques.
Quelques chiffres pour avoir une vision globale de la dette ( données 2009):
La dette publique mondiale est estimé à 60,4% du PIB mondial (24 168 milliards d'Euro)
La dette publiqe du Japon correspond à 192% du PIB
La dette publique de l'Italie correspond à 115% du PIB
La dette publique de la Grèce correspond à 113% du PIB
La dette publique de la France correspond à 77,6% du PIB (1 499 milliards d'Euro)
La dette publique de l'Allemagne correspond à 77% du PIB
La dette publique des USA correspond à 53% du PIB
La dette publique de la Chine correspond à 18% du PIB
La dette publique de la Russie correspond à 6,9% du PIB
la carte ci-dessus représente le % de la dette publique par rapport aux PIB nationaux (2009)
Venons-en au coeur du sujet. Pour faire tourner la machine étatique et les collectivités territoriales, pour payer les fonctionnaires, payer les systèmes de sécurité sociales etc., la plupart des pays s'endettent. Envers qui? Envers les grosses banques mondiales. Et d'où vient tout cet argent des banques? Certainement pas de leurs profits qui ne suffiraient pas. Cet argent, il vient de nous, des épargnants du mondes entier. En déposant un billet de 100 Euro à la banque, nous donnons à celle-ci le droit de le gérer comme elle le souhaite. Nous sommes toujours propriétaire de la valeur nominale de 100 euro, mais le billet est en quelques sorte sous tutelle de la banque qui décide comment l'employer et le faire fructifier à son propres intérêt. Contre cette perte de souveraineté sur notre billet de 100 Euro, la banque nous garantit un taux d'intérêt. Lorsqu'une banque prête de l'argent, elle prête de l'argent qui ne lui appartient pas.
Reprenons l'exemple concret de la Grèce:
- Les gouvernements successifs se sont laissés aller avec les dépenses publiques; La dette et le déficit n'ont cessé de croître.
- L'état a fait faillite et à travers son déficit il démontre qu'il est loin de pouvoir inverser la tendance. La Grèce perd la confiance des banques sur le remboursement de sa dette, personnes ne veut plus lui prêter de l'argent.
- Pour rétablir la confiance, des politiques de restrictions sont imposées à la Grèce, c'est donc la population qui paye, au prix fort, les erreurs du gouvernement.
- Les banques ne veulent plus prêter d'argent à la Grèce, c'est donc les Européens (France, Allemagne etc.) qui vont donner de l'argent, mais vu qu'ils n'en ont pas... ils vont emprunter a ces mêmes banques pour ensuite prêter à la Grèce (à un taux d'intérêt légèrement plus élevé). Les pays européens jouent ainsi garant (pas gratuitement, évidemment).
Résultat: L'argent qui doit sauver la Grèce est donc l'argent des banques, l'argent des épargnants du monde entier: Français, Allemands, Américains, Chinois, ou.... Grecs! C'est là que le serpent se mord la queue. Les banques ne sont pas propriétaires de l'argent qu'elles prêtent! Elles sont gestataires, et cet argent est à nous! D'un point de vue global, et supranationale, nous, les citoyens, devons donc subir des politiques de restriction pour qu'on veuille bien nous prêter de l'argent qui est à nous (ou à notre voisin)!
Une données parmi celles énoncées plus haut me fait frissonner. La dette publique mondiale est de 60,4% par rapport au PIB du monde. Ce qui signifie que les États du monde sont endettés envers les banques privées à hauteur de 60,4% de ce qu'ils produisent sur un an. Dans ces conditions, on peut se demander si ce sont ces états qui gouvernent, ou bien si ce sont les banques.