Sujet épineux que celui des banques. Il mériterait plusieurs tomes à lui tout seul, car impossible de tout résumer en un seul papier. D’un côté, difficile d’imaginer un monde sans ces institutions financières qui introduisent et font circuler les capitaux dans nos sociétés actuelles, quasi-majoritairement libérales. De l’autre, qui n’a pas souhaité voir la disparition de ces entreprises dont les agissements, notamment aux Etats-Unis, ont été à l’origine de la plus grave crise de ces cent dernières années, celle des « subprimes » (crédits hypothécaires hautement risqués).
En début de semaine, le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a demandé aux responsables des principales banques du pays de rester "pleinement mobilisées" pour assurer le financement de l'économie en période de reprise, en facilitant notamment l’accès au crédit pour les PME et le TPE. Pourquoi ce rappel à l’ordre ? Tout simplement car les banques ont repris leurs mauvaises habitudes initiales, à la barbe et au nez des contribuables qui, pour la plupart, injectent chaque mois leurs (maigres) économies dans leurs comptes misérablement rémunérés.
Rappel des faits. Fin 2008, le gouvernement français, à l’instar de celui américain, est obligé d’intervenir afin de sauver les banques du marasme dans lequel elles se trouvent suite à la crise des subprimes. Des milliards d’euros provenant du contribuable (vous), sont ainsi insufflés dans les plus grandes banques du pays pour leur éviter la banqueroute. Afin d’obtenir ces aides, les banques avaient juré qu’à l’avenir elles seraient exemplaires vis-à-vis des bonus, parachutes dorés et autres stock-options qu’elles verseront à leurs dirigeants et traders. Autre condition pour obtenir cette aide, faciliter l’accès au crédit.
Un an et demi plus tard, où en sommes nous ? La Société Générale a annoncé cette semaine un bénéfice s’élevant à 1,06 milliard d'euros pour les trois premiers mois de l'année contre une perte de 278 millions un an plus tôt. Les autres banques du pays ne devraient pas décevoir non plus. De son côté, la banque américaine Goldman Sachs, la plus puissante du monde, avait accordé en 2009 16,2 milliards de dollars de salaires et bonus à ses employés en 2009, après avoir réalisé un bénéfice net de 12,192 milliards de dollars, contre 2,041 milliards de dollars un an plus tôt. Plus généralement, les bonus accordés l’année dernière aux Etats-Unis ont renoué avec la hausse, signe que les soucis du passé n'ont plus lieu d'être.
Bref, l’argent coule à nouveau à flot et la crise semble déjà bien oubliée, tout comme les bonnes résolutions promises afin de bénéficier des aides étatiques. Car l’accès au crédit est toujours aussi difficile pour les petits et modestes revenus, malgré les (légers) assouplissements en la matière. Une situation qu’ile st difficile de justifier quant on sait de quelle façon opèrent les banques. Celles-ci louent leur argent à des taux extrêmement faibles auprès des banques centrales (entre 0 et 0,25% aux USA et 1% en Europe), pour ensuite proposer des crédits à 4, 5, 6 pour cent, voire plus à leurs clients. Au passage, le bénéfice qu’elles engrangent sur chaque opération est énorme. Ne pourraient-elles pas proposer des crédits plus judicieux (2% ou 3%), en ayant, bien sûr, pris soin de s’assurer de la solvabilité de leurs clients ? Ne pourraient-elles pas, à leur tour, aider les contribuables, à qui personne n’a demandé leur avis quand il a fallu voler au secours des banques ? Ce serait, il me semble, un juste retour des choses, un acte moral, et surtout, un acte civil.
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